PARIS [03.12.15] - Fleur Pellerin a annoncé la constitution d’un Collège visant à trouver les moyens d’évaluer et de promouvoir les bonnes pratiques favorisant la diversité dans la culture. Un programme borné par l’interdiction des statistiques ethniques en France.
Sous la supervision de Karine Gloanec Maurin, nouvelle haut fonctionnaire en charge de la diversité, le Collège de la Diversité officiellement constitué mercredi 2 décembre est composé d’une trentaine de membres issus d’entreprises ou institutions du secteur culturel et médiatique : France Télévisions, Radio France, des scènes nationales et des musées (MUCEM). Il intègre également quelques artistes, représentatifs de toutes les disciplines. Le collège doit « constituer une instance de veille et vigilance, dont le projet est de mesurer la démocratisation de l’accès aux pratiques, aux formations, mais aussi aux responsabilités artistiques, et de contribuer à lever les éventuels freins à cette ambition ».
Doit-on comprendre que Fleur Pellerin veut contourner l’interdiction des statistiques ethniques ? C’est possible. En rappelant son parcours militant pour appuyer son engagement et « la difficulté qu’il y a à nous doter d’instruments pour mesurer la diversité », la ministre a poursuivi: « cela ne doit pas pour autant nous empêcher d’avancer ».
Quelles sont les possibilités d’actions de ce collège ? Plusieurs pistes ont été évoquées. L’une d’elles consiste à s’appuyer sur les labels et programmes existants. Lucie Muniesa, haut fonctionnaire en charge de la lutte contre les discriminations, et qui doit travailler en lien avec Karine Gloanec Maurin, a ainsi supervisé le dossier du label diversité (une norme Afnor) obtenu par le groupe Radio France en 2013. Elle connaît donc les difficultés et les moyens de favoriser la diversité sociale et géographique sans s’appuyer sur des statistiques ethniques Référence a ainsi été faite au CSA et aux « études de perception » réalisées, sur la diversité dans l’audiovisuel public. En reprenant à son compte cette idée, le collège pourrait réaliser un audit des institutions culturelles, fondé sur la perception des salariés relative à la diversité dans leur entreprise. Dans des structures parfois petites et avec des formulations fines, les réponses aux questionnaires permettraient d’avoir un état des lieux de la diversité et de son évolution, mais sans recensement personnel. Alors que la première réunion dudit conseil n’est pas encore fixée, un premier temps fort est supposé avoir lieu au printemps.
Le Collège aura-t-il les moyens de faire réellement progresser la diversité, sans la censure du conseil d’état relative aux données ethniques ? Comme le rappelle la ministre dans son injonction : « Si le monde de la culture veut être à la hauteur du pouvoir qu’on lui prête – celui de nous rassembler et de nous libérer tout à la fois – il a donc la responsabilité d’être exemplaire en matière de promotion et de reconnaissance de la diversité ». Cela passera sans doute par un changement de paradigme.
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Collège de la diversité, l’écueil des statistiques ethniques
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Abonnez-vous dès 1 €Fleur Pellerin © Photo Lionel Allorge - 2012 - Licence GNU Free Documentation License