Clare McAndrew : « 2016 sera une année très instructive pour le marché »

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 10 mars 2016 - 525 mots

MAASTRICHT (PAYS-BAS) [10.03.16] - Clare McAndrew connaît bien le marché de l’art mondial pour avoir été pendant 3 ans chef économiste dans une société américaine d’investissement en art puis pour avoir créé à Dublin, Arts Economics qui produit pour le compte de Tefaf un rapport annuel très attendu.

Comment expliquez-vous l’évolution très différente entre le marché occidental qui ne baisse que de 1,8 % et le marché chinois qui s’effondre de 23 % ?
Le marché occidental est largement tiré par le marché américain qui est très en forme. C’est à New York qu’ont lieu les plus grandes ventes d’art moderne et contemporain ; l’économie américaine reste solide avec de nombreuses grandes fortunes qui alimentent le marché.

La situation en Chine est très différente. La très grande volatilité de la Bourse a fait perdre beaucoup d’argent aux investisseurs individuels qui n’en ont tout simplement plus pour acheter de l’art, qui n’est de surcroît pas encore considéré comme un placement alternatif. Il y a également un problème d’offre : les œuvres les plus importantes apparues lors du boom du marché, sont maintenant dans des musées ou en dépôt de long terme dans des collections. Ce problème de qualité de l’offre est particulièrement manifeste dans les ventes publiques (très majoritaires en Chine) où les transactions en volume ont baissé de 31 %. Il faut enfin mentionner la campagne en cours anticorruption qui a non seulement provoqué le retrait d’acheteurs importants mais aussi effrayé des acheteurs intermédiaires.

Pourquoi les ventes aux enchères d’art contemporain ont-elles baissé de 14 % ?
Je sais bien que certains veulent y voir un ralentissement du marché. En réalité c’est une question de taille. Les ventes aux enchères d’art d’après-guerre et contemporaines sont tellement importantes (elles pèsent presque la moitié des adjudications de beaux-arts), qu’il est difficile de garder un rythme élevé chaque année. Songez que 5 % de croissance en 2015 c’est 20 % de croissance du CA de 2005. Les pièces majeures sont de plus en plus difficiles à « sortir », ce qui explique qu’il y a toujours des prix très élevés.

Comment expliquez-vous la relative déception de la croissance ( 7 %) des ventes Online ?
Je ne pense pas que cela soit décevant compte tenu du marché en général. N’oubliez pas que les prix sont encore bas sur ce segment, cela ne facilite pas les taux de croissance. Il y a eu aussi moins de nouveaux entrants en 2015. Je constate par ailleurs que le marché online reste un marché d’accompagnement du marché traditionnel « offline ». Il n’y a pas (encore ?) de changement de paradigme comme on peut l’observer dans d’autres industries.

Comment voyez-vous le marché en 2016 ?
Je n’aime pas beaucoup faire des prévisions, mais je peux vous dire que ce sera une année très instructive pour la suite. Je ne veux pas monter dans le train facile de ceux qui anticipent une explosion d’une possible bulle, parce que ce n’est pas vrai. Certes le haut du segment s’est avéré peu profitable pour les ventes aux enchères et il se peut que ce segment ralentisse, masquant la bonne santé du segment à laquelle je crois. Les fondamentaux du marché restent solides pour le moyen-terme.

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Clare McAndrew - Photo D.R.

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