Donation

Carcassonne refuse la donation Cérès Franco

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 1 septembre 2014 - 652 mots

CARCASSONNE [01.09.14] - Le refus du nouveau maire de Carcassonne, Gérard Larrat (UMP), de la donation Cérès Franco, objet depuis un an d’une exposition au Musée des beaux-arts de la ville, symbolise les nouvelles orientations culturelles qu’il entend donner à la ville et au musée qui l’avait accueillie.

Le sort de la collection Cérès Franco à Carcassonne est clos. Jean-Louis Bès, en charge de la culture à la mairie, l’affirme : « le refus par Gérard Larrat [nouveau maire] de la donation ne fera pas l’objet de délibération au conseil municipal », comme le souhaitait Alain Tarlier (PS), ancien maire adjoint à la culture et ancien président de l’agglomération de Carcassonne, grand artisan de cette donation qui avait commencé à prendre place au Musée des beaux-arts de la ville. Le retour de Gérard Larrat (UMP) à la mairie de Carcassonne, cinq ans après sa défaite, aura donc été fatal aux 1 282 œuvres d’art populaires sud-américain et mexicain, d’art naïf ou de la Nouvelle Figuration rassemblées pendant près de quarante ans par la collectionneuse et galeriste parisienne d’origine brésilienne.

Pourtant l’exposition « Cérès Franco Acte 1 – Les imagiers de l’imaginaire » au Musée des beaux-arts de Carcassonne qui s’achève le 28 septembre 2014 après un an d’ouverture, marquait le premier temps de cette donation estimée 4,7 millions d’euros. La rénovation des anciens locaux de la bibliothèque municipale dans l’aile droite du musée où devaient être présentée la donation, constituait la pièce maîtresse de la revitalisation de l’institution.

Étaient ainsi programmés dans cette aile un espace d’exposition de 600 à 800 m2 pour la collection, un espace dédié aux expositions temporaires en lien avec la donation et un espace spécifique pour l’œuvre monumentale « La quête du Saint Graal » de Jean-Marie Martin ; un espace de stockage de 600 m2 au minimum devant également être aménagé.

Il ne restait plus que la signature devant notaire du dossier que l’ancien maire Jean-Claude Pérez (PS), battu de 56 voix, n’a pas eu, ou pris, le temps de poser avant les élections municipale d’avril 2014, confiant dans sa réélection.

« La ville ne pouvait s’engager financièrement dans les conditions de la donation dont les coûts annuels ont été réévalués à 250 000 euros par an pour un budget alloué au musée de 160 000 euros hors charges du personnel », explique le nouveau maire adjoint, Jean-Louis Bès tout en précisant que « cette décision politique ne peut se résumer toutefois qu’au seul aspect financier. De nouveaux choix culturels prévalent pour cette aile du musée des beaux-arts où se déploieront ses collections et les expositions temporaires. »

L’annulation par Gérard Larrat, huit jours après son élection, du deuxième parcours d’art contemporain autour de la donation, qui devait se dérouler comme l’an dernier dans le cadre du festival de Carcassonne fut la première alerte pour Dominique Polad-Hardouin, la fille de Cérès Franco, en charge de la donation. Sa rencontre expéditive fin juin avec Gérard Larrat et Jean-Louis Bès a confirmé ses craintes.

« Je regrette qu’ils n’aient fait aucune proposition de conciliation », confie Dominique Polad-Hardouin qui n’a pas eu davantage de soutien de la part de la conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Carcassonne, Marie-Noëlle Maynard, ni eu de conversation à ce sujet depuis avec elle. D’autres financements que municipaux auraient pu notamment être trouvés bien que les pôles de décisions ont éclaté entre un ville passée à droite et une agglomération restée à gauche et qui envisageait de prendre en charge la rénovation du nouvel espace de stockage envisagé pour la conservation des collections du musée, de la donation Cérès Franco et du festival de Carcassonne.

Alors que le rapatriement des œuvres de la collection Cérès Franco à Lagrasse, où vit Cérès Franco, a commencé, Dominique Polad-Hardouin a entamé des démarches, notamment en Suisse, auprès d’institutions publiques ou privées susceptibles de d’accueillir en totalité ou en partie le fonds de sa mère.

Légende photo

Affiche de l'exposition « Cérès Franco Acte 1 - Les imagiers de l'imaginaire » jusqu'au 28 septembre 2014 au musée des Beaux-Arts de Carcassonne - Portrait de Cérès Franco par Jean-Louis Bilweis réalisé en 1980.

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