À Saint-Étienne, la première édition d’« Après l’école », conçue par Artpress, met à l’honneur trente-six représentants d’une génération fraîchement diplômée.
Saint-Étienne. Déjà dotée d’une Biennale de design, dont la douzième édition devrait se tenir du 22 avril au 22 août 2021, la métropole de Saint-Étienne qui souhaitait créer un événement artistique en alternance a fait appel, pour le concevoir, à l’équipe d’Artpress. Celle-ci a sollicité les écoles d’art françaises afin de présélectionner des artistes récemment diplômés – depuis cinq ans au plus. Le choix final d’Après l’école s’est opéré parmi cent cinquante dossiers – ce qui est peu – envoyés par une quarantaine d’établissements, sans indication d’origine. L’exposition des trente-six artistes retenus in fine permet de mieux appréhender leur démarche individuelle. Elle se répartit dans deux lieux : le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne (MAMC), et la Cité du design, tous deux parties prenantes du jury.
Au MAMC, dont la vocation est de présenter des œuvres d’art, la qualité de l’accrochage met en valeur les heureux élus. Ainsi, en début de parcours, deux œuvres radicalement différentes de Sarah Del Pino (diplômée de l’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne, ESADSE, en 2016) surprennent par leur rapprochement : l’une est une sorte de fresque holographique suggérant l’empreinte astrale d’une comète sur le mur (Mirage inférieur, 2018), métaphore cosmique qui tranche avec le film présenté en regard (Rêvent-elles de robots astronautes, 2017), dont le sujet est une ferme entièrement automatisée, avec vaches dociles et robots efficients. Univers éthéré d’un côté, prosaïsme qui hésite entre le rire et l’effroi de l’autre. Plus loin, ce sont les peintures abstraites de Robin Curtil (diplômé de l’ESADSE en 2017), leur graphisme énergique sur fond blanc, qui arrêtent le regard, d’autant que leur surface n’est pas dénuée de profondeur [voir ill.]. À l’approche, les grandes toiles révèlent des superpositions, strates évoquant tout à la fois le travail de recouvrement du peintre et l’omniprésence des écrans, la trace fantôme du dessin et la fulgurance du graffiti. À mi-chemin entre peinture et sculpture, les créations de Jordan Madlon (diplômé de l’ESADSE en 2014), qui procèdent par association de formes et de couleurs, de tissus et d’objets, étonnent également par leur autonomie visuelle. Le plasticien fait partie de la sélection 2020 du salon de Montrouge, reporté en 2021. Dans la dernière salle, les grands papiers peints de Juliette Mock (diplômée de l’école supérieure d’art et de design de Reims, en 2016) reproduisant « l’espace situé entre les jambes des hommes » toisent le visiteur de leur inquiétante étrangeté.
Si la seconde partie du parcours, dans un environnement qui n’offre pas l’aura du cadre muséal, inspire moins, parions que cette biennale s’améliorera sans doute au fil des éditions.
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Une Biennale des artistes émergents
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°554 du 30 octobre 2020, avec le titre suivant : Une Biennale des artistes émergents