LONDRES (ROYAUME-UNI) [03.07.15] - Malgré une œuvre phare restée sur le carreau, Bacon rafle près d’un quart du total des ventes d’art contemporain de Christie’s et Sotheby’s Londres qui s’élève à 318 millions d’euros.
Le temps est au beau fixe pour l’art contemporain. Les vacations organisées fin juin dans la capitale britannique n’ont pas manqué de profiter de ce climat, dans la lignée du succès des ventes de New York ce printemps. « Le marché est en très bonne forme, il y a de nombreux nouveaux acheteurs. Aussi, le moment est incontestablement bon pour vendre des œuvres de qualité qui n’ont pas été vues depuis un certain temps » confirme Edmond Francey, propulsé directeur du département d’art contemporain chez Christie’s à Londres depuis quelques mois.
Quelle spécificité pour Londres, qui reste loin derrière New York ? « De façon générale, c’est une " ville-monde ", qui mélange de nombreuses nationalités, et cela nous donne une capacité à travailler de façon très internationale, en entraînant une clientèle et des intérêts bien différents. En écho à la diversité de l’art contemporain, c’est à Londres qu’on retrouve le miroir le plus large d’artistes, européens, américains, asiatiques etc, contrairement à New York où le focus sur les artistes américains est plus important. »
Les chiffres d’affaires dépassent ceux de l’an dernier : le cumul des ventes du soir de Christie’s et Sotheby’s s’élève à 318,2 millions d’euros (226 millions de livres), contre 270,9 millions d’euros (192,5 millions de livres) l’an passé. Comme en février, c’est Sotheby’s qui est devant, alors qu’elle court loin derrière sa rivale à New York. L’opérateur atteint son plus haut montant pour l’art contemporain à Londres avec un total de 134,3 millions d’euros (95,6 millions de livres) pour une vente de seulement 58 lots. Mais elle ne fait que frôler le record londonien établi par Christie’s en juin 2012 et rate son estimation démesurée (198 à 283 millions d’euros).
Christie’s récolte quant à elle 134,3 millions d’euros (95,6 millions de livres), dans l’estimation, mais avec une vente plus conséquente de 76 lots.
C’est Francis Bacon, star incontestée des enchères, qui a été sous le feu des projecteurs. Le britannique est coutumier du fait : record du monde de l’œuvre la plus chère aux enchères jusqu’à mai dernier, il a été en 2014 le 3ème artiste le plus vendu aux enchères derrière Warhol et Picasso. Et c’est à Londres qu’a été enregistrée la moitié des 243 millions d’euros (270 millions de dollars) engrangés pour l’artiste au cours de l’année (Artprice 2015). Durant cette vacation Bacon a brillé tant par la qualité des œuvres proposées, que par leur nombre ou les prix atteints sous le marteau. Cinq œuvres importantes de Bacon étaient proposées, et le cumul des quatre vendues se monte à 74,4 millions d’euros, près du quart du total des deux maisons. « Bacon fait partie des artistes mythiques du XXe, il est universel, il pose des questions contemporaines, notamment sur la condition de l’Homme. Il attire tant les acheteurs ‘classiques’ que les nouveaux acquéreurs du monde entier » commente Edmond Francey.
Chez Sotheby’s, trois œuvres majeures de Bacon étaient présentées. Mais la maison a échoué à vendre le clou de sa vacation, la première des six études inspirées du portrait du pape Innocent X de Vélasquez, estimée entre 35 et 49 millions d’euros. Une estimation trop gourmande pour cette toile adjugée à un montant cinq fois moindre en 2005 ? Une toile trop vue ? Trop de portraits de cet artiste pour la même vente ? Ses deux autoportraits issus de la collection du belge Jacques Casier, acquis directement à la galerie Marlborough, se sont quant à eux bien vendus. L’un, de 1975, a été remporté 21,5 millions d’euros (15,2 millions de livres) quand l’autre, un triptyque de 1980, est parti à 20,7 millions d’euros (14,7 millions de livres).
Chez Christie’s, l’artiste était représenté par des œuvres très différentes l’une de l’autre. Un diptyque de 1967 (le premier du peintre) représentant les deux personnes les plus chères à l’artiste, son amant George Dyer et son amie Isabel Rawsthorne, a été cédé 17 millions d’euros (12,1 millions de livres) à un client asiatique. La maison avait pris soin de proposer une estimation attractive pour cette toile restée invendue à Art Basel l’an dernier par la galerie Acquavella. « Nous devons prendre en compte la vie du tableau » commente Edmond Francey. De son côté, Two men in a field (1971), singulier paysage où œuvrent deux personnages devant une parcelle en forme d’œil, a été acquis 15 millions d’euros (10,7 millions de livres) par un marchand moscovite. « Ces deux tableaux correspondaient à des acheteurs différents, l’un avait un caractère plus existentialiste, l’autre, un hommage à Millet et Van Gogh faisait référence à l’œil et à l’idée de perception » indique Edmond Francey. Chez Christie’s, Yves Klein, Sigmar Polke et Andy Warhol suivaient Bacon dans le top 10, quand chez Sotheby’s, il était ironiquement coiffé au poteau par un Dollar sign du même Warhol représentant un billet d’un dollar.
Tous les résultats sont indiqués frais compris tandis que les résultats le sont frais compris.
Résultat : 134,3 M€ (95,6 M£)
Estimation : 114-163,4 M€ (82-117 M£)
Nombre de lots vendus : 66 sur 76
Taux de vente : 87 %
Résultat : 183,9 M€ (130,4 M£)
Estimation : 198-283 M€ (143,2-204,6 M£)
Nombre de lots vendus : 49 sur 58
Taux de vente : 84,5 %
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Bacon, roi des ventes londoniennes d’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Francis Bacon (1909-1992), Autoportrait, 1975, huile sur toile, 35,5 x 30,5cm, - vente du 1er juillet 2015 - Sotheby's Londres - Estimation 10 / 15 M£ - Vendu 15 269 000 £ (21,5 M€) - Photo www.sothebys.com
Andy Warhol (1928-1987) - One dollar bill (silver certificate), 1962, 132,4 x 182 cm, caséine et crayon sur toile de lin - vente du 1er juillet 2015 - Sotheby's Londres - Estimation 13 / 18 M£ - Vendu 20 869 000 £ - Photo www.sothebys.com