Arp, un poète qui fit aussi de la sculpture

Le sculpteur Jean (Hans) Arp (1886-1966) apparaît ici pour ce qu’il fut d’abord dans sa jeunesse, et ne cessa d’être tout au long de sa vie : un poète. « Si par impossible, j’étais obligé de choisir entre l’œuvre plastique et la poésie écrite, si je devais abandonner soit la sculpture soit les poèmes, je choisirais d’écrire des poèmes. » Lisibles en grosses lettres sur les murs et dans des livres disposés dans les vitrines, ses poèmes Dada puis d’inspiration surréaliste permettent de découvrir un Arp drôle, ironique, caustique, merveilleusement libre. « Les pierres sont remplies d’entrailles. Bravo. Bravo. Les pierres sont remplies d’air. Les pierres sont des branches d’eaux. Sur la pierre qui prend la place de la bouche pousse une feuille-arête. Bravo », peut-on lire sur la cimaise de la dernière salle. Ce poème, L’air est une racine, est également visible, illustré par l’artiste, dans une vitrine présentant le recueil Le Surréalisme au service de la révolution (1933). Partenaire de l’Année Mondrian aux Pays Bas – Arp participe au mouvement Abstraction-Création au côté de Mondrian –, cette exposition apporte un éclairage neuf et dynamique sur les relations entre la poésie et les créations plastiques de Arp. Disposées sur des socles au centre de chacune des salles d’exposition, les sculptures vibrent en sensibles résonances avec la poésie et les papiers collés, froissés, déchirés, les bois peints, les encres et crayons sur papier, les lithographies et de nombreux bas-reliefs en carton ou en bois découpé, en tout quatre-vingts œuvres.