L’histoire de l’art est affaire d’aventures, de rencontres et de transmissions. L’exposition « Derain, Balthus, Giacometti » en fait une nouvelle et brillante démonstration, en réunissant trois artistes qui se sont liés d’amitié dans les années 1930.
Derain, de plus de vingt ans l’aîné, jouit à cette époque d’une grande notoriété. Et pour cause, la peinture n’est plus la même depuis qu’il a révolutionné son art avec sa palette fauve, quand Balthus et Giacometti portaient encore des couches-culottes… Adoubé par Breton, son Chevalier X fait même partie du panthéon de la peinture moderne. Pourtant, dans les années 1930, Derain n’est déjà plus à la mode, celui-ci ayant eu le mauvais goût de revenir à la tradition – plus tard, son voyage à Berlin l’enterrera définitivement aux yeux de la critique. Tout l’inverse de Balthus et Giacometti qui, eux, vivent leur consécration. Thématique, l’exposition parisienne a l’intelligence de désamorcer les reproches qui sont faits depuis ce temps à Derain. On le blâme d’avoir tourné le dos à la modernité pour regarder les anciens ? Giacometti croque inlassablement les maîtres italiens et la statuaire égyptienne, tandis que Balthus copie Piero Della Francesca, dont le hiératisme inspirera toute sa peinture… Derain renoue avec les genres de la nature morte et du portrait ? Balthus en fait l’épicentre de son œuvre… Balthus, dont certaines toiles peuvent se confondre avec celles de Derain. N’y a-t-il pas du Balthus dans le Geneviève à la pomme de Derain ? À moins qu’il n’y ait du Derain chez Balthus, comme cet érotisme latent partagé par le Nu au chat (Derain) et Les Beaux Jours (Balthus)… L’exposition n’est pas seulement la réunion d’une amitié artistique, elle est un plaidoyer pour revoir l’œuvre tardive de Derain, enfin. Et cela fonctionne.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
André Derain et ses amis de la résurrection
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : André Derain et ses amis de la résurrection