Ana Jotta, les matériaux du quotidien

Un sentiment de quiétude méditative et mélancolique, mais non sans humour. L’artiste portugaise a touché à tous les médiums et à toutes les pratiques artistiques. Dessin, peinture, sculpture et installation, avec une attirance particulière pour des techniques artisanales comme la couture et la broderie, et pour l’imagerie de la culture vernaculaire. L’exposition qu’elle présente à Bruxelles puise dans toute son œuvre des pièces sans ligne directrice apparente, mais d’une étonnante cohérence. Ouverte aux hasards et détours de la vie, elle aime s’emparer des matériaux comme des objets à sa disposition. Elle peut reprendre et transposer des motifs ou des éléments d’un support à l’autre avec parfois plusieurs années de décalage. Elle reprend, par exemple, une frise de paysannes en sabots qui ornait un bol en faïence pour la transposer sur une bande de papier à tapisser couvert d’un motif en repoussé. Si elle récupère des matériaux, elle puise aussi des souvenirs comme cette très belle installation où elle a dessiné à l’eau de javel sur une bande de tissu foncé des silhouettes en fil de lumière inspirées d’hommes que, dans sa jeunesse, elle voyait transporter des vitres à bout de bras dans la rue. Dans une autre série, elle dessine sur des écrans de home cinéma se permettant des citations – Hiroshige notamment – pour ajouter une couche à ce jeu de la représentation et de la transformation du quotidien.