« Quand on dessine, on est dans une sorte de rêverie », confie Pierre Alechinsky. Dans l’exposition que lui consacre le Centre de la gravure et de l’image imprimée, cette rêverie se déploie à partir d’éléments préexistants (un estampage, une vieille facture, une page d’Atlas…).
C’est ce qui a conduit l’artiste belge, qui fêtera bientôt ses 90 ans, à intituler son exposition « Palimpsestes » en référence aux pratiques des moines copistes du Moyen Âge, qui récupéraient d’anciennes pages d’écriture pour y inscrire de nouveaux textes. Cette manière de créer à partir d’un document qui acquiert ainsi une vie nouvelle, Alechinsky la pratique depuis longtemps. Mais un grand nombre des œuvres exposées le sont pour la première fois. Courant sur trois niveaux, l’exposition débute au rez-de-chaussée par ces dits « Estampages ». Ce voyageur inlassable a déroulé dans divers pays ses grandes feuilles de papier japonais pour y estamper le mobilier urbain comme les plaques d’égouts. Inspirée par une ancienne technique asiatique qui ne manqua pas d’inspirer les surréalistes, à commencer par Max Ernst, l’opération consiste à créer une empreinte par frottage d’un crayon sur une feuille. Alechinsky capture ainsi ce qui échappe à notre regard et se constitue un réservoir de dessins. Dans un second temps, l’estampage sert de point de départ à une nouvelle composition grâce à tout un travail de rehauts à l’encre et à l’acrylique. C’est alors que nous retrouvons avec plaisir son lexique habituel. Ce monde en perpétuelle métamorphose envahit les deux autres niveaux de l’exposition, dans les ouvrages de ses amis écrivains qu’il décore, mais aussi sur de vieilles factures, sur des lettres, des partitions de musique… où il laisse divaguer son imaginaire. Pour conclure, il s’empare de toute une série de vieilles cartes de géographie et de plans de villes. Les frontières s’effacent alors au profit d’une nouvelle configuration mentale, celle d’un artiste qui a le talent de faire advenir, entre les rires et les larmes, des formes en latence.
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Alechinsky ou l’art du détournement
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Abonnez-vous dès 1 €Pierre Alechinsky, Murs et dunes d'Aden, 1983, encre sur carte de navigation aérienne marouflée sur toile, 109 x 146 cm © Photo Pierre Alenchy
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°704 du 1 septembre 2017, avec le titre suivant : Alechinsky ou l’art du détournement