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AKAA se maintient tant bien que mal, Asia Now poursuit son chemin

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 2 octobre 2024 - 818 mots

Les deux foires tentent de séduire les acheteurs avec des artistes des scènes étrangères.
Paris. Les foires satellites de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), depuis remplacée par Art Basel, sont nombreuses à fêter cette année leurs dix ans : Paris Internationale, Asia Now et bientôt AKAA, dont c’est cet automne la neuvième édition. La foire dédiée « aux scènes artistiques d’Afrique, de ses diasporas et afro-descendantes » revient au Carreau du Temple avec près de 40 galeries. Sa sélection compte plus d’une quinzaine d’enseignes françaises, trois galeries basées au Portugal, trois autres issues du continent africain, une galerie venue de Los Angeles, une autre du Caire, deux galeries suisses.

La Galerie Primo Marella (Italie) revient après une interruption ; elle présente notamment des œuvres textiles de Joël Andrianomearisoa et de Samuel Nnorom. La 193 Gallery (Paris) est aussi de retour ; elle expose les peintures de Modou Dieng Yacine (à partir de 10 500 €) et produit au milieu de la foire la sculpture monumentale de l’artiste camerounais Malam. La galerie Christophe Person (Paris) figure parmi les nouveaux exposants. Elle met en avant une sélection de trois artistes autour du thème de l’eau et de sa raréfaction, avec les bouteilles en verre habillées de clous en métal, de cauris, de perles et de boutons de la série « Puisette » d’Abou Sidibé, les peintures sur photographie d’Arnold Fokam ainsi qu’une série de tirages de Nyaba Léon Ouedraogo autour de la divinité du fleuve Sénégal, un travail sélectionné pour la Biennale d’art contemporain de Dakar de novembre prochain (prix de 2 000 à 6 000 €).

L’organigramme d’AKAA s’est adapté cette année avec la nomination de Benjamin Hélion au poste de directeur associé aux côtés de Victoria Mann. Benjamin Hélion, qui accompagnait déjà la foire en tant que conseiller, est par ailleurs dirigeant de sociétés de communication, du salon Urban Art Fair et de la H Gallery. Cet arrière-petit-fils de la célèbre collectionneuse Peggy Guggenheim, également associé à la maison d’édition JBE Books, est enfin président de l’association pour la promotion de l’œuvre de Jean Hélion regroupant les descendants de l’artiste (APJHE). « Si la conjoncture actuelle est complexe [entendre difficile, ndlr] pour le marché dans son ensemble cette année, toute l’équipe AKAA a fait preuve d’ingéniosité et de créativité », assure-t-il pour se motiver.

Installée pour la troisième année consécutive à la Monnaie de Paris, Asia Now trace sa route avec une sélection de soixante-dix galeries issues de vingt-huit pays et territoires d’Asie, allant de l’Asie centrale à la région Asie-Pacifique, comprenant l’Asie de l’Ouest, du Sud, du Sud-Est et de l’Est. Cette croissance reflète aussi l’attractivité de la scène et du marché asiatiques du point de vue européen. La galerie Perrotin, qui a ouvert ses portes en 2012 à Hong Kong, puis à Séoul, Tokyo et Shanghai, revient ainsi à Asia Now avec deux artistes : Shim Moon-Seup, pionnier de la sculpture moderne en Corée, et Chang Ya Chin, dont les peintures à l’huile dans un style nature morte reprennent les techniques du XIXe siècle. La Galleria Continua participe à Asia Now depuis 2021 ; elle y produit cette année la performance de Nikhil Chopra, accompagné par le batteur et musicien électronique Uriel Barthélémi.

Pour autant, comment comprendre que Nathalie Obadia, Almine Rech ou encore In Situ - Fabienne Leclerc n’aient pas candidaté cette année et ne seront donc pas présentes ? À l’inverse, la galerie Les Filles du Calvaire fait son entrée sur la foire avec un solo de Makiko Furuichi. La galerie Esther Schipper (Berlin, Paris, Séoul) y présente trois artistes, dont Hyunsun Jeon, avec un ensemble d’aquarelles (prix entre 10 000 et 20 000 €). La galerie Marguo (Paris) consacre son stand à la peintre vietnamienne-américaine Dianna Settles, dont les tableaux très détaillés capturent« des moments de calme joyeux au milieu des crises en cascade de la vie moderne » et rappellent les portraits de groupe de l’âge d’or hollandais.

Sur la section Now On, consacrée aux jeunes galeries qui font la promotion des artistes émergents, on trouve des exposants venus des quatre coins du monde : Square Street Gallery (Hong Kong), A.I. (Londres), LKHAM (Oulan-Bator), Biscuit Gallery (Tokyo) et IDOLON Gallery (Taipei).

Asia Now se veut autant une foire d’art contemporain« qu’une plateforme de production de projets d’artistes ». Cette édition anniversaire, placée sous les auspices des rituels et de la célébration, accueille ainsi une exposition thématique organisée par Radicants International, structure curatoriale « nomade » fondée en 2022 par Nicolas Bourriaud et intitulée « Ceremony », qui réunit vingt-deux artistes. Un programme de conversations et de films accompagne cette édition. Parmi les performances annoncées dans la cour d’honneur de la Monnaie, une installation de l’architecte Sumayya Vally (directrice artistique de la première Biennale des arts islamiques à Djeddah en 2023) est activée quotidiennement sous le commissariat de Kathy Alliou (qui dirige le département des Œuvres des Beaux-Arts de Paris). Son titre, They Who Bring Rain Bring Life, consolera peut-être avec son présage les Parisiens harassés par un début d’automne pluvieux.
AKAA,
du 18 au 20 octobre, Carreau du Temple, 4, rue Eugène Spuller, 75003 Paris.
Asia Now,
du 17 au 20 octobre, Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, 75006 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : AKAA se maintient tant bien que mal, Asia Now poursuit son chemin

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