Agnès Geoffray - Artiste

Depuis, Agnès Geoffray travaille sur la violence et ses représentations, s’approprie des scènes et des gestes qu’elle rejoue avec des photographies trouvées qu’elle retouche. Ses textes ou ses performances n’échappent pas à l’ambivalence des mots ou de la posture, source de troubles, de narrations et d’émotions. Qu’elle fasse disparaître la corde de l’Américaine Laura Nelson, lynchée puis pendue en 1911, ou qu’elle rhabille une jeune femme promenée nue par la foule, elle fragmente l’image, y prélève des détails porteurs d’indices de l’ordinaire et du cruel. Agnès Geoffray panse les meurtrissures, non sans distiller le doute. Un homme qui nage sous son regard devient la victime potentielle d’une noyade. La beauté d’une image contient souvent une part d’intranquillité. L’ancienne élève de l’École des beaux-arts de Lyon a construit un univers de réminiscences qui s’inscrit dans un temps nucléaire à l’énergie et à la luminosité en perpétuelle réaction. La première monographie de son travail qu’organise le Centre photographique d’Île-de-France (CPIF) lui permet de le représenter avec la complicité de J. Emil Sennewald, prix de l’Association internationale des critiques d’art en 2016. En contrepoint, le livre d’artiste Before the Eye-lid’s Laid (« Avant la pause de la paupière ») aux éditions La Lettre volée rejoue avec ce temps, mais dans une configuration évidemment différente.