#yayoikusama

Une chose est sûre, le fonctionnement viral du réseau social a un impact sur la fréquentation des musées que ceux-ci ne maîtrisent pas. Le Broad vient d’en faire l’expérience début septembre : les 50 000 billets de l’exposition « Yayoi Kusama: Infinity Mirrors » mis en ligne à plus d’un mois de l’ouverture se sont vendus en moins d’une heure, 150 000 personnes tentant d’en acquérir un dès les cinq premières minutes, d’après le Los Angeles Times. Le musée californien a aussitôt décidé d’éditer 40 000 nouveaux billets. La raison de ce succès ? Elle est liée à celui que rencontre l’artiste japonaise sur les réseaux sociaux. Avec ses perspectives kaléidoscopiques et ses citrouilles colorées, son œuvre, très photogénique, marquée par le motif de la répétition, est « Instagram friendly » : comprendre qu’elle suscite des centaines de milliers de « posts » et d’appréciations positives sous forme de « like ». Le hashtag #yayoikusama renvoie à lui seul à plus de 470 000 publications, tandis que quelque 40 000 clichés psychédéliques sont homologués pour l’intitulé #infinityroom. Ces installations de miroirs réfléchis à l’infini offrent en effet le décor idéal pour « le selfie ultime », notait le New York Times quand la galerie David Zwirner les présenta fin 2013. Le Musée Hirshhorn de Washington a, pour sa part, déploré en février dernier l’écrasement accidentel d’une citrouille de la plasticienne par un visiteur maladroit dans sa tentative d’autoportrait. Il faut dire que les amateurs de selfies artistiques in situ ont intérêt à prendre la pose rapidement : vu l’affluence, le Broad estime que chaque visiteur disposera de trente secondes maximum dans chacune des six « Infinity Room » exposées.