BORDEAUX
Un à sept ans de prison ferme ont été requis contre sept Hongrois, jugés depuis le début de la semaine par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour le vol de centaines de cartes qu'ils découpaient dans les livres anciens appartenant à des bibliothèques municipales françaises.
Besançon, Toulouse, Albi, Dijon, Nancy, Narbonne, Lille, Coutances (Manche) ont ainsi été visées entre 2011 et juin 2013... Soupçonnés d'avoir agi pour le compte d'un réseau actif dans toute l'Europe, les sept prévenus, six hommes et une femme âgés de 35 à 69 ans, sont poursuivis entre autres pour association de malfaiteurs et vols aggravés. Ils sont accusés du vol de plusieurs centaines de cartes du XVIe au XVIIIe siècle d'une valeur totale de quelque 4 millions d'euros. Mais l'enquête n'a jamais pu identifier les destinataires de ces cartes, vraisemblablement des marchands spécialisés ayant pignon sur rue en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Il aura fallu le hasard d'un coup de filet des douaniers hongrois, en 2012, pour mettre au jour la filière: 110 cartes anciennes, certaines portant le tampon de la bibliothèque de Toulouse, sont découvertes dans une voiture. A bord, l'un des prévenus de Bordeaux, Andras Katona, 35 ans et plombier dans le civil, assure avoir acheté ce lot de documents rares (évalué à 450.000 euros) "sur un marché italien, à un gitan parlant yougoslave". Les policiers français prouveront que ces cartes proviennent bien de la bibliothèque de Toulouse, où elles ont été découpées sans états d'âme dans des ouvrages consultés à l'aide de fausses cartes de lecteur. D'autres villes françaises avaient été victimes de pillages similaires, tous attribués à la même équipe.
A la manoeuvre, on trouve Karoly Forgo, 51 ans, établi dans le sud de la France, épaulé par son épouse Hedvig, son cousin Andras Katona, et Gabor Dorogi, alcoolique et toxicomane déjà condamné à Béziers pour une affaire de vols de fret avec Forgo en 2013. Karoly Forgo est le seul à avoir reconnu les vols de cartes à la barre, mais "sans accuser personne", surtout pas ses coprévenus dont certains lui font visiblement très peur.
Le procureur Thierry Pons a requis une peine de cinq ans de prison ferme contre lui, deux à trois ans dont une partie avec sursis contre ses complices, et quatre ans ferme contre Lajos Turi, poursuivi pour avoir organisé le transport des cartes volées. M. Pons a été plus sévère avec les deux derniers prévenus, considérés comme les principaux commanditaires. Il réclame sept ans ferme pour Tibor Szathmari, 69 ans, riche antiquaire et grand spécialiste des cartes anciennes qui nie en bloc en l'absence de toute preuve directe contre lui, et six ans pour son bras droit, Pal Nagy, 57 ans, officiellement simple employé d'une entreprise de démolition hongroise.
Cet article a été publié le 17 Mai 2018 par l'AFP
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Vols de cartes anciennes : 1 à 7 ans de prison requis contre un réseau hongrois à Bordeaux
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