Valérie Belin - La lauréate

Lorsque l’ancien secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, Prix Nobel de la paix, a énoncé son nom, l’émotion était palpable dans sa voix comme dans son regard. Car chez elle, la discrétion est de mise. Engagée tôt, la reconnaissance de son travail par les institutions internationales et par les collectionneurs n’a pas modifié son comportement. Son positionnement vis-à-vis de la représentation des stéréotypes des femmes ou de la société de consommation, au cœur de son œuvre, s’avère d’ailleurs investi, mais « pas critique », précise-t-elle. « Je suis sensible aux sujets que je photographie tout en voulant rester plastiquement à la surface des choses. Mon travail est ma manière d’être au monde », et la photographie, l’outil qui s’est imposé « comme un moyen d’exister » au cours de ses études aux Beaux-Arts de Bourges. À cet égard, la réception du prix Pictet, le premier à être décerné à une femme depuis sa création, représente quelque chose d’important « par le fait même que le travail d’une femme artiste n’est souvent légitimé que s’il porte sur la condition des femmes et rien d’autre. Or mon propos n’est justement pas de me soumettre à cette forme de déterminisme social. »