CAP-BRETON (NOUVELLE-ECOSSE, CANADA) [02.07.15] – Le projet d’érection d’une gigantesque statue destinée à commémorer les morts canadiens durant la Seconde Guerre mondiale provoque la colère des résidents locaux et des médias, qui craignent de voir dénaturer une des côtes les plus emblématiques du parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton.
Le projet visant à l’érection d’une gigantesque statue, Mère Canada, destinée à commémorer les morts canadiens durant la Seconde Guerre mondiale provoque la colère des résidents locaux et des médias, rapporte The Guardian. La crainte principale est de voir une des côtes les plus emblématiques du parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton être totalement dénaturée par des tonnes de béton.
C’est l’homme d'affaires torontois Tony Trigiani, inspiré après une visite d'un cimetière de guerre canadien en Italie, qui a décidé la construction d’un mémorial au Cap-Breton et mis en place la Never Forgotten National Memorial Foundation pour réaliser son plan. En plus de la statue, le site comprendra d’autres monuments : le Commemorative Ring of True Patriot Love, le True North Commemorative Square et le With Glowing Hearts National Sanctuary.
Ce projet de statue suscite une controverse politique croissante, les médias et les résidents locaux fustigeant Stephen Harper, premier ministre conservateur impopulaire, d’offrir un soutien financier à la Never Forgotten National Memorial Foundation. En effet, l'initiative a reçu le soutien enthousiaste de la part du gouvernement de Stephen Harper, qui a fait don du terrain et de 100 000 dollars issus du budget pour les parcs nationaux pour aider à ériger le colosse sur l’affleurement rocheux le long de la Cabot Trail, route panoramique la plus populaire de l'est du Canada. La fondation espère encore lever 25 millions de dollars pour terminer le projet, en partie grâce à des entreprises sponsors qui seront reconnues en bonne place sur le site.
« Ce Colosse de Guerre, […] ne devrait jamais être imposé dans un parc national », fustige The Globe and Mail, qui explique que la nature préservée de cette côte sauvage est en elle-même un parfait hommage aux soldats tombés lors de la guerre. Par ailleurs, l’aspect de la statue, représentant une femme voilée en deuil inspirée de celle érigée en 1936 au mémorial de Vimy, choque tout autant. The Globe and Mail la qualifie ainsi d’« offensivement de mauvais goût », et poursuit en expliquant que cette « approche "bigger-is-better" dans l’art est mieux adaptée aux tyrans staliniens ». Une résidente du Cap-Breton Valerie Bird, qui a servi comme auxiliaire dans l'armée de l'air royale au Moyen-Orient au cours de la Seconde Guerre mondiale, est comme beaucoup contre ce mémorial « vulgaire et ostentatoire », qui « n'a certainement pas sa place dans un parc national » et qui « offense les vétérans ».
Sean Howard, porte-parole de l’association des Amis de Green Cove, a exprimé sa peur que le sort du site ne soit déjà scellé : « notre pire crainte est qu’ils envoient les bulldozers avant les élections fédérales de cet automne […] mais nous allons continuer à nous battre ».
La Never Forgotten National Memorial Foundation de Trigiani et le gouvernement espèrent que le colosse sera achevé d’ici 2017, pour le cent cinquantième anniversaire de la Confédération canadienne et le centenaire de la bataille de Vimy. Un porte-parole de Parcs Canada, ainsi que Tony Trigiani, ont refusé de répondre aux questions du Guardian sur le monument.
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Un projet pour un gigantesque mémorial dans un parc national canadien suscite une vive controverse
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Abonnez-vous dès 1 €Parc National des Hautes-Terres-du-Cap-Breton © Photo Tango7174 - 2009 - Licence CC BY-SA 3.0