Le recrutement chaotique du remplaçant de Geneviève Gallot à la direction de l’École nationale supérieure des arts décoratifs.
PARIS - « Ce mouvement de nomination [des directeurs des opérateurs relevant de la Culture] se poursuivra en 2014 avec la même volonté d’ouverture, la même transparence dans les procédures et la même exigence », annonçait fièrement la ministre lors de ses vœux à la presse. Malheureusement pour elle, alors que 2013 s’était terminée avec la tragi-comédie de la succession d’Alfred Pacquement au Musée national d’art moderne, 2014 s’ouvre avec un nouveau « couac », cette fois à la direction de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad).
Un appel à candidature avait été lancé à la suite de l’annonce de Geneviève Gallot de sa volonté d’écourter son mandat à la tête de l’école. Un comité de sélection avait alors été mis en place par Pierre Oudart, directeur-adjoint chargé des arts plastiques au ministère. Outre celui-ci et Noël Corbin, le secrétaire général adjoint du ministère, le comité comprend trois directeurs d’école d’art, une enseignante, une designer et deux professeurs salariés de l’Ensad. La présence de ces deux enseignants est pour le moins insolite. Ils vont participer à la désignation de leur directeur, lui ôtant ainsi un peu d’autorité dans une école traversée depuis longtemps par des conflits internes et des luttes de pouvoir, cause du départ anticipé de Geneviève Gallot, malgré le soutien appuyé de plusieurs enseignants de l’établissement. Pierre Oudart explique justement leur présence par la volonté d’apaiser ces conflits.
Violation des règles de confidentialité
Cette situation a cependant nui à l’un des candidats, l’artiste Henri Foucault, enseignant à l’Ensad depuis 1995, « découvreur » d’Anri Sala et qui a longuement préparé son projet. Il s’est vu ainsi interpellé en pleine séance du jury (le 11 décembre dernier) par l’un des deux enseignants, sur la légitimité de sa candidature « en raison de sa proximité avec l’ancienne directrice ». Mais les choses prennent une tournure nouvelle quand les deux professeurs, au mépris de toutes les règles de confidentialité, envoient dès le lendemain un compte-rendu de la réunion par e-mail à leurs 70 collègues, dont le Journal des arts a pu avoir copie. Les onze candidats dont les noms sont ainsi révélés publiquement, apprendront ainsi indirectement « la faiblesse des candidatures proposées par la DGCA, et [que certaines] candidatures [sont même] complètement fantaisistes ». Ils découvriront aussi, avant même le courrier du ministère qui ne leur parviendra que le 9 janvier, que c’est finalement Marc Partouche (63 ans), l’actuel directeur de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, qui a été retenu. Plusieurs membres du comité de sélection s’émeuvent de cette violation des règles élémentaires. « Je suis très choqué de cette publicité des débats », se plaint Henri Foucault « cela me met dans une situation difficile. » Pierre Oudart se dit « abasourdi et las », envisageant même l’annulation de la procédure. Il n’en sera rien. En revanche, la ministre n’ayant pas accepté que la commission ne lui propose qu’un seul nom, il est demandé au directeur-adjoint de repêcher un second candidat. Noël Corbin et Pierre Oudart vont donc dans le secret de leur bureau sélectionner Pierre-Jean Galdin, le directeur depuis 2004 de l’École supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole, la ville de Jean-Marc Ayrault. Aurélie Filippetti doit dans les tout prochains jours faire son choix entre les deux candidats et le recommander à François Hollande, maître de la décision. Il va falloir sérieusement resserrer les boulons des prochaines commissions de sélection, au risque de décourager les candidats qui ne veulent pas voir leur nom étalé en place publique.
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Un nouveau « couac » dans les nominations
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Abonnez-vous dès 1 €Marc Partouche (à gauche) © Photo : Charles Paulicevich
Pierre-Jean Galdin (à droite) Photo D.R.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°406 du 31 janvier 2014, avec le titre suivant : Un nouveau « couac » dans les nominations