La ville néerlandaise va profiter d’être sous les projecteurs de la culture européenne durant une année pour amorcer des changements et instaurer une économie participative.
Économie. Après Amsterdam (1987) et Rotterdam (2001), c’est au tour de Leeuwarden de devenir la capitale européenne de la culture. La commune de naissance de Mata Hari a été préférée par le jury d’experts indépendants à ses consœurs et concurrentes néerlandaises Eindhoven, Maastricht, Utrecht et La Haye. Les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. La Ville et la Région disposent d’un des plus importants budgets – 75 millions d’euros – des trente dernières éditions des capitales européennes de la culture. Celui-ci la hisse au huitième rang, derrière Istanbul, Liverpool, Marseille, Mons, et à égalité avec Lille. Le financement est ventilé entre la région (21 millions), des sponsors privés (9 millions), l’État hollandais (7,5 millions) et la ville de Leeuwarden (6,5 millions).
Cette enveloppe conséquente témoigne de la volonté des autorités locales, régionales et nationales d’attirer les projecteurs sur la Frise et de dynamiser l’économie de cette région rurale à forte dominante agricole (25 % de la population vit directement ou indirectement de l’agriculture).
L’autre devise des organisateurs : bâtir des ponts entre les populations, relier les communautés urbaines et rurales, les jeunes et les moins jeunes, les natifs et les immigrés. En mettant l’accent sur le concept frison de Iepen Mienskip (communauté ouverte), les organisateurs affichent leur volonté de rassembler. Leur mot d’ordre ? Travailler avec tout le monde. Plusieurs milliers de Frisons ont ainsi été associés à la conception et l’organisation de cette manifestation très participative.
Le programme « Lepen up » permettra de maintenir la flamme pendant toute l’année 2018. Tous les mercredis dans des cafés de Leeuwarden, les habitants sont invités à se parler et à évoquer, sans tabou, tous les sujets possibles : libertés, démocratie, racisme, inégalités, pauvreté, changement climatique, crise des réfugiés. « Comment allons-nous vivre ensemble dans les prochaines années et décennies ? Que faire pour que tous les groupes et communautés se rencontrent plus souvent et parviennent ainsi à se comprendre ? », s’interroge Jacco de Boer, le concepteur et principal animateur de « Lepen up ». Toutes les discussions seront filmées et diffusées sur une chaîne de télévision régionale. Une synthèse écrite sera publiée fin 2018.
« The Journey », (sous-titré « la culture catalyseur du changement ») est un autre programme qui donne vie à cette même volonté, manifeste tant au niveau des autorités que de la population, de relier les hommes et les communautés. Un exemple ? Sur le territoire du village de Sint-Annaparochie, sur la commune de Het Bildt, se trouve un centre d’accueil de réfugiés, auquel le village tourne le dos depuis des années. Souhaitant en finir avec cette forme d’exclusion, une partie de la population s’est mobilisée. Après des réunions menées sous la houlette de psychologues et de gens de théâtre, il a été décidé d’organiser une grande marche théâtralisée reliant le centre village au centre d’accueil de réfugiés. Les résultats n’ont pas tardé : les langues se sont déliées et ces deux mondes ont commencé, peu à peu, à se rapprocher.
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Un élan de vitalité pour la région
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : Un élan de vitalité pour la région