Signe de sa montée en puissance, la FIAC génère cette année trois foires « off ». Show off Paris, Slick et DiVA viennent enrichir l’offre pour les collectionneurs d’art contemporain à Paris.
Si le succès d’une foire se mesure au nombre de foires off qu’elle génère, alors la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) joue cette année dans la cour des grands, avec trois greffes : « Show off Paris », « DiVA » et « Slick ». Jusque-là, la FIAC ratissait tellement large qu’elle laissait peu de champ à une alternative. Elle s’est, depuis, contractée, laissant sur le bord de la route galeristes et artistes de qualité. Les trois foires off jouent donc cette année la carte de la sincérité, avec tout ce que cela suppose aussi d’hétérogénéité.
Face à leur éviction de la FIAC, Éric Dupont, Magda Danysz, Les filles du calvaire, Vanessa Quang (Paris) et Olivier Houg (Lyon) ont lancé en un tour de main la foire « Show off Paris » à l’Espace Cardin, située non loin du Grand Palais. Plutôt que de viser le jeunisme à tous crins, les organisateurs ont préféré confronter deux générations de galeries, des plus établies aux jeunes pousses comme Baumet Sultana (Paris) ou Marc de Puechredon (Bâle). Un choix qui s’aligne sur celui de la foire Pulse à New York et Miami. Bien que perçu comme un « salon des refusés », Show off Paris a aussi rallié des galeries qui n’avaient pas postulé pour la FIAC telle Analix Forever (Genève). « Nous cherchons à donner la possibilité d’être vus à des artistes qu’on ne voit pas, indique Éric Dupont. Si on écoute les diktats, on doit regarder soit vers les très jeunes artistes, soit vers les établis. Or c’est dans la génération entre deux que les choses commencent à se mettre en perspective. » Baudoin Lebon (Paris) le prend au mot en transposant à l’Espace Cardin une installation de six sculptures murales de Vladimir Skoda initialement envisagée pour la FIAC. À l’inverse, Alain Le Gaillard (Paris) se concentre sur ses jeunes poulains comme le peintre Julien Beneyton. « Le programme de jeunes que je proposais à la FIAC n’était pas jugé prestigieux. On aurait préféré que je montre Basquiat », grince le galeriste. Même amertume du côté de la Galerie RX (Paris), laquelle avait imaginé un one-woman show de Maria Amar à la FIAC. « Tous nos artistes ont déjà été présentés sur la FIAC. Cela fait quatre ans que nous postulons sans succès, là on sent que c’est un problème personnel », confie Éric Dereumaux, codirecteur de RX. La photo s’insinue dans la plupart des accrochages, du Finnois Miklos Gaál chez Hermann & Wagner (Berlin), à Edward Burtynsky sur le stand de Stephan Roepke (Cologne). La foire s’est aussi dotée d’une programmation vidéo, confiée à cinq jeunes commissaires d’exposition. Pour rompre le train-train, Show off Paris prévoit en parallèle une à deux performances quotidiennes. « Nous voulons créer quelque chose sur un plus long terme, une sorte de club organisé par les galeries pour les galeries, prolonger l’esprit au-delà du salon », précise Magda Danysz.
La foire DiVA récidive pour sa part à l’hôtel Kube, dans le 18e arrondissement. Après avoir essuyé l’an dernier les plâtres d’un bâtiment inachevé, cet événement spécialisé dans la vidéo redémarre sur de meilleures bases. La fréquentation devrait être revue à la hausse grâce à la visite prévue de plusieurs groupes de collectionneurs comme les « Mécènes du Sud ». La vidéo est un médium exigeant tant sur le plan de l’équipement que par la durée de regard qu’elle impose. Certaines propositions pourraient toutefois convaincre les plus rétifs. C’est le cas du documentaire sur la condition féminine en Inde réalisé par l’artiste indienne Sulekha chez MB Gallery (Paris). Le sort des femmes est aussi revisité sur un mode symbolique et grinçant par Grace Ndiritu chez Vacío 9 (Madrid).
Des « galeries engagées »
Tout comme DiVA, les organisateurs de Slick font le pari de s’implanter dans un site excentré, la Bellevilloise, avec un vœu pieux, « leur désir insatiable de découvertes de nouveaux artistes talentueux et leur état d’esprit, dynamique et passionné » (sic) ! Derrière une rhétorique qui prête à sourire, se profile un esprit plutôt sain. « Le choix s’est porté sur des galeries engagées qui ne sont pas là pour faire de l’argent », précise la galeriste Deborah Zafman (Paris), laquelle met en selle ses jeunes peintres, Frédéric Léglise et Guillaume Sebag-Levy. On s’étonne toutefois de trouver dans la liste des participants la galerie B & B (Milan), plutôt coutumière des foires in. Celle-ci prévoit notamment les dernières séries photographiques de David La Chapelle et d’Andres Serrano. Bien qu’il faille juger sur pièces, ce salon promet quelques beaux moments avec deux anciens étudiants du Fresnoy [l’école d’arts visuels de Tourcoing], Hakam b. et Antonia Fritche chez Schirman & de Beaucé (Paris). La galerie Envoy (New York) siège quant à elle à la fois sur Slick, avec un projet de Christoph Broich, et sur Show off Paris avec un accrochage de groupe. « Gustave Flaubert disait qu’une personne ne peut supporter trop de beauté. Je pense, du coup, que les plus petites foires sont plus agréables, observe Jimi Dams, directeur d’Envoy. Dans une foire avec vingt ou trente exposants, les doses de beauté ou d’intelligence sont plus faciles à gérer. Les petites foires permettent de prendre le temps de réfléchir. » Reste à voir si les visiteurs prendront non seulement le temps de réfléchir, mais aussi de sillonner tout Paris, après avoir arpenté les deux sites de la FIAC.
- SHOW OFF PARIS, 25-29 octobre, Espace Pierre-Cardin, 1, av. Gabriel, 75008 Paris, www.showoffparis.com, les 25, 26 27, 28 octobre 12h-20h, le 29 octobre 12h-17h Organisation : Éric Dupont, Magda Danysz, Christine Ollier, Patricia Houg et Vanessa Quang Nombre d’exposants : 28 Tarif des stands : 4 000 euros pour 15 m2 et 7 000 euros pour 25 m2 (catalogue inclus) - DiVA, 26-29 octobre, hôtel Kube, 1-5, passage Ruelle, 75018 Paris, www.divafair.com, le 26 octobre 19h-23h, les 27 et 28 octobre 14h-22h le 29 octobre 12h-20h Directeur : Thierry Alet Nombre d’exposants : 11 Tarifs des stands : 4 000 euros - SLICK 01, 27-30 octobre, La Bellevilloise, 19-21, rue Boyer, 75020 Paris, www.slick-paris.com, les 27, 28 et 29 octobre 10h-20h, le 30 octobre 10h-18h Organisation : Cécile Griesmar, Johan Tamer-Morael et Aude de Bourbon Nombre d’exposants : 21 Tarifs des stands : 4 000 euros
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Trois foires « off » se greffent à la FIAC
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°245 du 20 octobre 2006, avec le titre suivant : Trois foires « off » se greffent à la FIAC