MINSK / BIÉLORUSSIE
Les militants pro-démocratie utilisent une de ses toiles, appartenant à un mécène emprisonné, comme symbole de leur combat.
C'est l'histoire d'une confiscation de collection d’art qui est au centre d’un bras de fer politique. Le tableau Eva de l'artiste Chaïm Soutine (1893-1943) est devenu ces derniers jours l'un des principaux symboles de la révolte contre l'indéboulonnable président biélorusse Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994. Cette toile est l’œuvre la plus célèbre d'une collection placée sous scellés le 14 juin à la suite de persécutions menées par la police contre Viktar Babariko, principal candidat d'opposition aux présidentielles du 9 août prochain.
P-d-g de la banque BelGazPromBank et mécène reconnu, Babariko croupit dans une prison du KGB biélorusse depuis le 18 juin. Son tort ? Avoir réuni 400 000 signatures de soutien, bien davantage que le président sortant Alexandre Loukachenko, surnommé aujourd'hui « 3 % » en référence à sa cote de popularité.
Depuis l'arrestation de Viktar Babariko, Eva fait le tour des réseaux sociaux. Son visage est arboré sur des t-shirts comme signe de ralliement à l'opposition et à l'exigence d'élections libres.
Le tableau fut peint par Chaïm Soutine en 1928. La banque BelGazPromBank l'a racheté en 2013 pour 1,8 million de dollars, enrichissant sa collection dont l'estimation la plus conservatrice est de 20 millions de dollars. La collection compte 150 œuvres de noms célèbres originaires du Belarus (territoire à l'époque connu sous le nom de « Russie blanche », annexé à l'empire tsariste) comme Chaïm Soutine, Marc Chagall (1887-1985), Ossip Zadkine (1890-1967) et d'autres représentants de L’école de Paris.
Le pouvoir biélorusse affirme que cette collection « était sur le point d'être transférée hors du pays ». Aucune information n'est donnée sur le lieu où cette collection se trouve actuellement, ni sur son sort.
Jusqu'ici, la collection était visible à la galerie Art Belarus de Minsk, appartenant à BelGazPromBank. La galerie reste ouverte avec une « installation » ironique : sur les grands murs blancs, les œuvres ont été remplacées par des code-QR permettant aux visiteurs de trouver des informations détaillées sur les toiles confisquées.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Soutine incarne la résistance à l'autocrate biélorusse
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €