Saâdane Afif - Discours de la méthode

C’est en 2004 qu’il établit sa méthodologie. Moins rupture que solution. Les sculptures et installations seront désormais traduites en pop songs, commandées à divers paroliers et compositeurs, puis inscrites sur les murs des expositions. Affiches, disques, concerts, remakes, les versions d’œuvres possibles se déclinent, tournant autour d’un objet dont la matérialité et la réussite formelle se font de plus en plus relatives.
 
Un prix Duchamp plus tard, la subtile méthode a fait ses preuves. À Berlin, l’appartement qu’il occupe depuis quelques années accueille en permanence artistes et amis de passage. « C’est un fidèle et un chevaleresque, confie Patrice Joly, rédacteur en chef de 02. À l’époque de son post-diplôme à Nantes, il avait déjà cet air gamin et énigmatique, mais par-dessus tout, il était habité par la haute idée qu’il se faisait de l’art. » Exigence repérée par le critique Michel Gauthier, qui lui consacre une monographie. « Il est extrêmement conscient de ce qu’il fait, pointe-t-il. Saâdane a d’abord été un artiste à succès avec un faible taux de compréhension, mais c’est pourtant un des très rares artistes à avoir un remarquable projet d’ensemble depuis le début. »