Entretien avec Hubertus von Amelunxen, président du conseil artistique de Public Art Experience

À quoi ressemble le 1 % artistique au Luxembourg ?

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 25 août 2015 - 743 mots

Au Luxembourg, le Fonds Belval invite des artistes à résider sur un ancien site métallurgique en pleine reconversion. Une initiative originale de 1 % artistique défendue par Hubertus von Amelunxen, président du conseil artistique de Public Art Experience.

Situé près de Luxembourg-ville, le site de Belval, ancien haut lieu de production de métal, est en reconversion. Dans le cadre des aménagements urbains, un projet de résidences artistiques a été créé dans le cadre de la loi dite du « 1 % artistique ». Comment est né ce projet baptisé Public Art Experience ?
Hubertus von Amelunxen
 : Le cadre est donné par le grand-duché du Luxembourg qui a décidé, à la fin des années 1990, de fonder l’université du Luxembourg, ouverte en 2003. Elle déménage en ce moment progressivement sur le site de Belval, dont le dernier haut-fourneau s’est arrêté en 1997, pour en faire un grand centre universitaire et scientifique.
Le grand-duché a créé l’établissement public Fonds Belval, désigné comme maître d’œuvre de toutes les constructions publiques sur le site, dont les premières sont sorties de terre en 2005. Un budget considérable de près d’un milliard d’euros a été consacré à cette reconversion. Puis, en 2008, s’est posée la question du « 1 % artistique » et comment l’utiliser (selon la loi dite du 1 % artistique, 1 % du budget total d’un aménagement public est alloué à la création artistique). Le projet devait utiliser l’argent à disposition – 8 millions pour les 15 prochaines années, pour le moment – sur le long terme. C’est ainsi qu’est né Public Art Experience. En 2013, un comité artistique a été mis en place pour choisir une grande thématique. Celle de la transformation s’imposait, car il s’agit véritablement d’une transformation profonde dans laquelle l’ancienne économie industrielle avec les hauts-fourneaux est muséifiée et toute une nouvelle activité universitaire, économique, de loisir est en marche.

Est-ce la première fois qu’un « 1 % artistique » est mis en place à cette échelle au Luxembourg ?
Au Plateau du Kirchberg, un quartier de Luxembourg-ville, il y a eu de grands investissements également. Mais, à cette échelle, un milliard d’euros, c’est considérable en effet. Ce qui est aussi unique, c’est de consacrer délibérément cette somme pour l’art et la culture et non pas seulement pour le design des lumières publiques ou des jardins. Ici, les artistes sont invités à être actifs, à créer des œuvres, au cœur du lieu. Cela va plus loin que l’art public à proprement parler, quand un artiste est invité à produire une œuvre à l’intérieur d’une architecture. Il s’agit de travailler sur tout le site de Belval. Les artistes et le public sont invités à s’engager dans les projets, sans que cela soit un plaidoyer pour l’art participatif ou devienne un zoo pour artistes. Si le choix des résidents a effectivement été marqué par la volonté de les faire travailler avec le public, rien n’est néanmoins impossible ou obligatoire.

Comment est réparti le budget ?
Les artistes reçoivent par mois 4 600 euros et une allocation mensuelle pour le logement de 1 000 euros pour habiter à Esch-sur-Alzette, la seconde ville du Duché, sur laquelle se situe le site de Belval. C’est une résidence de présence. Il y a également une participation à la production des œuvres. Nous disposons de 300 000 euros pour la première résidence des neuf artistes, entre septembre 2015 et août 2016.

Des investisseurs privés ou des mécènes pourront-ils un jour investir le projet ?
Pour le moment, il ne s’agit que d’argent public. Ainsi il n’y a aucune influence de l’extérieur. Il faut comprendre que ce projet a aussi été créé contre un certain mercantilisme de l’art. Toutefois, c’est un projet qui vient de naître et est amené à se déployer. Les artistes l’y aideront. Comme il n’était pas question de corseter le projet dès le départ, tout est possible et la participation d’entreprises privées est envisageable.

BELVAL
L’ancienne friche industrielle reprend vie grâce à l’implantation d’équipements publics culturels, universitaires et scientifiques, dont une salle de concert (Rockhal), une Maison du Savoir de l’université luxembourgeoise, etc.

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C’est le nombre d’artistes sélectionnés sur les 540 candidatures envoyées pour participer à la première résidence.Ils sont allemands, français, espagnols, anglais, américains, hollandais, belges et luxembourgeois.

“BeHave” est le titre qui englobe la première série de résidences de Public Art Experience. L’association des verbes anglais be et have renvoie à la capacité de se maîtriser et de manifester du respect pour autrui.

Légende photo

Hubertus von Amelunxen est président du conseil artistique de Public Art Experience, un projet de résidences artistiques sur le site industriel en reconversion de Belval, au Luxembourg. Il est également président de The European Graduate School à Saas-Fee en Suisse et membre de l’Académie des beaux-arts de Berlin.

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Hubertus von Amelunxen

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : À quoi ressemble le 1 % artistique au Luxembourg ?

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