Un simple clic sur le « site officiel » de Pierre Buraglio, et l’artiste apparaît aussitôt masqué. Normal, à force d’avoir si souvent caviardé toutes sortes de textes et découpé toutes sortes d’images, il ne pouvait rien faire d’autre que de se cacher lui-même.
Rien d’ailleurs n’est moins sûr, parce que le portrait de lui qui s’affiche montre un simple fragment de buste, costumé et cravaté gris, rehaussé d’une belle pochette rouge et surmonté d’un gribouillis ovoïde en forme de tête, sans qu’on aperçoive le visage du peintre. Pierre Buraglio n’avance pas masqué dans l’art, il a la peinture à la place de la tête et, de fait, il en est proprement amoureux. Un vrai rat de musée, fou de Cézanne comme il peut l’être de Luca Della Robbia, Géricault ou de La Hyre.
Militantisme politique
Originaire de la banlieue parisienne, né à Charenton en 1939, ancien élève de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Buraglio s’est fait repérer dès 1964 avec une série de travaux intitulés Recouvrements. Deux ans plus tard, il se retrouvait aux côtés de Buren, Meurice, Parmentier, Hantaï, Riopelle et Tàpies dans une présentation à la Galerie Jean Fournier, qu’il n’a jamais quittée depuis qu’il y a fait sa première exposition personnelle en 1977. C’est dire tout en même temps sa fidélité et la qualité de sa démarche au regard d’une réflexion sur la peinture par rapport à sa matérialité, sa mise en œuvre et l’incroyable diversité de ses moyens plastiques.
Multipliant par suite les Agrafages et les Camouflages, il a vécu les événements de Mai 68 dans le vif de sa chair, ce qui l’a conduit à cesser pendant cinq ans toute pratique artistique pour se consacrer à une activité politique militante. Mais la peinture l’a très vite rattrapé par le col, parce qu’elle savait son talent et ne voulait pas le perdre.
Conversations rêvées
Proche du mouvement Supports-Surfaces, auquel il est souvent assimilé, l’artiste a décliné au fil du temps des propositions en tout genre dont certaines, comme les Fenêtres (1977), faites d’éléments de récupération, ou les Métro della Robbia (1985), constitués de plaques émaillées, disent sa fascination pour Matisse. Il partage d’ailleurs avec lui l’amour du jazz, ainsi qu’une même passion pour le bleu et le dessin.
À ce dernier, Pierre Buraglio a toujours accordé une attention particulière, et il cultive avec tout ce qui est graphique une relation privilégiée. Le peintre écrit, il a collaboré à nombre de revues et publié d’importants articles ; il a même contribué à la publication des écrits d’un de ses mentors, Gilles Aillaud, rencontré dès 1961.
Buraglio est quelqu’un d’altruiste et il aime échanger, discuter. Ses séries de dessins d’après…, avec…, autour de…, selon… sont des dialogues imaginaires qu’il affectionne d’entretenir par-delà le temps et l’espace avec ses aînés. Comme il vient de le faire aux Gobelins, où il a été invité à travailler notamment d’après Nicolas Poussin et Simon Vouet à l’occasion de la présentation des tapisseries restaurées de ces deux maîtres. Les dessins qu’il y a faits font le chemin inverse des œuvres montrées, partant des fibres pour aller vers le graphisme. Buraglio ne s’est jamais embarrassé de conventions.
1939 Naissance à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).
1959 Entre aux Beaux-Arts de Paris.
1963 Séjour à New York.
1976 Première exposition personnelle au MAMVP.
2012 Décoré de la Légion d’honneur. Vit et travaille à Maisons-Alfort (94).
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Pierre Buraglio - Le masque et le trait
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Abonnez-vous dès 1 €- « Carte blanche à Pierre Buraglio », Galerie des Gobelins, Paris-13e, www.mobiliernational.culture.gouv.fr, jusqu’au 20 janvier 2013.
- Exposition « Pierre Buraglio et Jean-Michel Meurice », Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg, www.bernardceysson.com, jusqu’au 19 janvier 2013.
Voir la fiche de l'exposition : Pierre Buraglio – Jean-Michel Meurice - Pierre Buraglio est actuellement en résidence au Musée des beaux-arts de Rouen, www.rouen-musees.com
L’artiste est représenté par la Galerie Jean Fournier, 22, rue du Bac, Paris-7e, www.galerie-jeanfournier.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°653 du 1 janvier 2013, avec le titre suivant : Pierre Buraglio - Le masque et le trait