« En France, on respecte plus les acteurs que les artistes. » Frigorifiée dans son bureau, la cigarette aux doigts, le dos tourné au port de Sète, Noëlle Tissier s’insurge.
La directrice du Crac Languedoc-Roussillon aimerait qu’on respecte davantage les artistes, celles et ceux qui « sont à poil à la veille d’une exposition » parce que, dit-elle, « ce sont eux qu’ils exposent ». Après tout, pourquoi un Claude Lévêque ou un Étienne Bossut n’auraient-ils pas le droit aux honneurs comme leurs frères créateurs ? Noëlle Tissier défend leur cause d’autant plus ardemment qu’avant de diriger le centre d’art, elle faisait partie des leurs.
Artiste et enseignante de 1972 à 1990, Noëlle Tissier a choisi de stopper sa carrière au moment où « l’on commençait à s’intéresser à [son] travail », par choix de vie, mais aussi à la suite de l’incendie de son atelier. Tant pis, puisqu’elle ne serait plus artiste, elle leur consacrerait sa vie. Débarquée au pays de la tielle en 1987, elle lance la Villa Saint-Clair, une école d’art puis une résidence d’artistes où elle suscite des « chocs artistiques », comme celui qui réunit un été Jean-Michel Othoniel, Philippe Perrin et Yan Pei-Ming. Ils sont toujours amis. Dix ans plus tard, elle quitte la Villa pour prendre les commandes du centre d’art régional qu’elle vient d’ouvrir dans un ancien entrepôt frigorifique de poissons. Là encore, il s’agit d’un outil mis au service des artistes. On ne se refait pas. « Les centres d’art sont des lieux fragiles, c’est vrai. Mais ce sont des lieux uniques, des lieux d’expériences pour les artistes. » Leur cause est entendue.
1949 Naissance à Ourouer-les-Bourdelins, dans le Cher.
1973 Exposition personnelle à Nice.
1978 Enseignante à l’école des Beaux-Arts de Toulon.
1987 Direction de l’école des Beaux-Arts de Sète.
1988 Elle crée la résidence d’artistes (et l’édition de livres d’artistes) Villa Saint-Clair.
1997 Directrice du Crac, à Sète.
2006-2009 Préside d.c.a., l’Association française de développement des centres d’art.
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Noëlle Tissier, artistophile
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°632 du 1 février 2011, avec le titre suivant : Noëlle Tissier, artistophile