PARIS - Le 17 mai, les fans de Da Vinci Code, le best-seller controversé de Dan Brown, feront la queue devant les salles pour en voir l’adaptation cinématographique. L’occasion d’entrevoir le Musée du Louvre, guest star au cachet gardé secret.
Utiliser les sanctuaires de l’art comme décors de fictions n’a rien d’inédit. En janvier 2005, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, avait ainsi réuni directeurs de musées et producteurs audiovisuels pour favoriser l’accueil des tournages dans les institutions hexagonales. L’objectif est double : relocaliser les tournages en France et renforcer l’attractivité touristique du pays.
La collection « Le Louvre s’offre aux cinéastes » s’inscrit dans une stratégie différente, mais connexe. Dans la droite ligne des « Contrepoints » offerts aux artistes contemporains (comme le film La Déraison du Louvre d’Ange Leccia), l’idée est de proposer un nouveau regard sur le musée. Ce programme a démarré en 2005 avec la signature de l’écriture et du développement de Visages, un long-métrage de fiction du cinéaste taïwanais Tsai Ming Liang. Le coût de réalisation se situerait entre 1,5 et 3 millions d’euros, le premier coup de manivelle étant prévu au mieux à l’automne. Deux autres projets, pour l’un desquels le nom de Pedro Almodovar a circulé, sont aussi en gestation. Le Musée du Louvre réfléchit enfin à la coproduction de courts-métrages de fiction. « On n’est pas en capacité de soutenir plus de deux à trois courts-métrages par an », précise cependant Catherine Derosier-Pouchous, chargée de mission pour les Productions audiovisuelles et
cinématographiques au Louvre (1).
Avec modération
De son côté, le Musée d’Orsay avait voulu fêter ses vingt ans en commandant – en partenariat avec la maison de production Margo Films – des courts-métrages à quatre réalisateurs (Olivier Assayas, Hou Hsiao Hsien, Raoul Ruiz et Jim Jarmush), réunis sous forme d’un film à sketchs. Ce dernier devait être exploité en salles et diffusé sur Arte lors d’une soirée « Thema ». Bien que la Rue de Valois ait interdit la participation financière du Musée d’Orsay dans ce projet, François Margolin, directeur de Margo Films, a choisi de poursuivre l’aventure avec d’autres coproducteurs. Plutôt qu’un film à plusieurs mains, il prévoit trois longs-métrages de 90 min. Les tournages des films d’Olivier Assayas, dont le scénario est achevé, et de Hou Hsiao Hsien débuteront avant septembre. Celui de Raoul Ruiz, encore en écriture, commencera d’ici à la fin de l’année. Leur sortie devrait d’ailleurs coïncider avec les vingt ans du Musée d’Orsay…
Pourquoi le ministère a-t-il validé le projet du Louvre et non celui d’Orsay ? « On ne se positionne pas en prestataire ou commanditaire de fiction. La démarche n’est pas la même », souligne Catherine Derosier-Pouchous. La nuance est plutôt spécieuse, car le Louvre n’en est pas moins inspirateur et coproducteur du projet. « Dans le cas d’Orsay, il ne s’agissait pas non plus de films de commande, soutient François Margolin. On avait précisément choisi quatre auteurs irréductibles à toute commande trop précise. » Les raisons sont plutôt d’ordre économique. Le Louvre n’a investi que 30 000 euros en frais de développement pour le film de Tsai Ming Liang, alors que le Musée d’Orsay devait miser environ 700 000 euros pour son projet. « L’activité de films a plutôt tendance à être encouragée, mais il faut que l’équilibre économique de l’opération soit assuré, nous a déclaré Francine Mariani-Ducray, directrice des Musées de France. La mise de fonds d’Orsay était trop importante par rapport aux priorités économiques de l’établissement. » Car un musée reste avant tout un musée. Et, pour l’heure, le cinéma ne s’y consomme qu’avec modération.
(1) Ce département, qui couvre aussi bien le documentaire, la fiction que le multimédia, jouit d’un budget de 400 000 euros.
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Musées, faire son cinéma
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Musées, faire son cinéma