Entreprise

Mazarine rachète Arter

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2024 - 457 mots

Le groupe de communication s’offre le producteur délégué des expositions de la Fondation Louis Vuitton.

Paris. Les grandes manœuvres se poursuivent dans le monde de l’art et du luxe. Le groupe de communication Mazarine, spécialisé dans le luxe, vient de racheter Arter. La société créée en 2024 par Renaud Sabari est spécialisée dans la production d’événements culturels, en particulier dans l’art contemporain. Elle a produit récemment la Nuit blanche parisienne ainsi que les Designer’s Days (Paris, Rive gauche). Un de ses clients importants est la Fondation Louis Vuitton, pour laquelle elle assure la production déléguée des expositions. Arter (qui n’a pas répondu à nos sollicitations) ne publie plus ses comptes depuis 2018, à l’époque où l’entreprise réalisait un chiffre d’affaires (CA) entre 12 et 14 millions d’euros. Le quotidien Les Échosévoque un CA de 20 millions d’euros. C’est en tout cas une entreprise très rentable puisqu’en 2018 le résultat d’exploitation était de 850 000 euros. Le montant de la cession n’a pas été communiqué.

Des clients en concurrence

Mazarine, qui gère la communication de Cartier – elle doit son développement à l’externalisation en 2004 d’une partie des services communication du groupe de luxe – et de plusieurs autres marques de luxe, s’était déjà diversifiée dans l’événementiel en achetant en 2010 La Mode en images, qui organise des défilés de mode. En rachetant aujourd’hui Arter, Paul-Emmanuel Reiffers, le fondateur de Mazarine, entend offrir un service supplémentaire à ses clients : la production d’événements culturels. Mais Cartier, LVMH et Kering (Arter organise les Journées européennes du patrimoine au siège de la famille Pinault) vont-ils accepter de confier une partie de leur communication à une agence en lien avec leurs concurrents ?

Ce rapprochement intervient alors que Mazarine s’installe progressivement dans le paysage de l’art contemporain en organisant des expositions dans l’un de ses show-rooms parisiens et en promouvant de jeunes artistes.

Pour l’instant les chiffres valident sa stratégie, puisque Mazarine annonçait au Journal des Arts un CA de 200 millions d’euros en 2023 (contre 182 M€ en 2022) et que le communiqué de presse sur l’acquisition indique un CA de 250 millions en 2024, soit une progression de 25 % – mais il est plus discret sur ses résultats. Paul-Emmanuel Reiffers a repris le contrôle de son entreprise il y a deux ans, en rachetant les parts des fonds d’investissement actionnaires et en faisant entrer d’autres fonds en 2023.

Pour Hervé Digne, le président de Manifesto, concurrent dans certains domaines d’Arter, ce rapprochement « témoigne de la dynamique des métiers d’accompagnement de la création et des artistes, du côté des entreprises. Un secteur du savoir-faire français qui n’est pas encore bien appréhendé par les acteurs institutionnels. […] Il doit s’internationaliser davantage pour répondre aux demandes multiples de s’attacher les talents français. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°639 du 20 septembre 2024, avec le titre suivant : Mazarine rachète Arter

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