Marie-Laure Bernadac - Une île dans le temple de l'art ancien

Elle vient tout juste de consacrer une monographie à Annette Messager et prépare la rétrospective Louise Bourgeois attendue à Beaubourg en 2008. Histoires de femmes et d’institution, d’art et de féminité pour celle qui œuvra à Féminin-Masculin, le sexe de l’art, explosive exposition d’un art lu comme principe de jouissance. Vingt-cinq ans plus tôt, Marie-Laure Bernadac fait déjà ses armes chez Iris Clert, découvre le Nouveau Réalisme en général et Jean Tinguely en particulier.
L’université la mène pourtant dans les pas des avant-gardes russes. En 1974, c’est avec le poète Maïakovski qu’elle signe sa première exposition avant de s’engouffrer dans la naissance de Beaubourg. « Avoir un langage sur l’art ancien et moderne par l’exposition, voilà ce qui m’intéressait », explique Marie-Laure Bernadac qui devient conservateur. Applications au musée Picasso dont elle épouse vivement la cause pendant dix ans avant de s’arracher au « monstre » en 1991. « C’était ça, ou je devenais la huitième veuve », ironise-t-elle. Après un bref détour à Beaubourg, puis au CAPC à Bordeaux, c’est finalement au Louvre qu’elle relève un nouveau défi.
Missionnée pour l’art contemporain, le conservateur et sa petite équipe entreprennent de nager à contre-courant dans le lourd vaisseau encore mal disposé à l’égard des audaces des vivants. « Ce sont deux mondes », regrette-t-elle, tout en se réjouissant du nouveau Contrepoint infiltrant cette fois un regard contemporain sur les salles de sculptures.