Malaise au CMN

La réorganisation du Centre des Monuments nationaux a été validée malgré les tensions

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2009 - 766 mots

La réforme du Centre des Monuments nationaux a été validée par le conseil d’administration de l’institution malgré une levée de boucliers. Cette réorganisation doit doter l’établissement public de directions supplémentaires destinées, selon sa présidente, Isabelle Lemesle, à répondre aux objectifs fixés par la Rue de Valois.

PARIS - Sur fonds de grève et de tensions internes relayées par les médias, la réforme du Centre des monuments nationaux (CMN) a finalement été validée le 18 février par le conseil d’administration. La veille, la ministre de la Culture avait, enfin, envoyé à la présidente du CMN, Isabelle Lemesle, la lettre de mission tant attendue par les syndicats. Sans surprise, le document officiel confirme ce qui avait déjà été entrepris pour la « réorganisation du siège » de cet établissement public administratif qui gère quatre-vingt-seize monuments appartenant à l’État parmi lesquels l’abbaye du Mont Saint-Michel ou l’Arc de Triomphe.

Situé à l’Hôtel de Sully, le siège social emploie 250 des 1400 agents du CMN. La réorganisation annoncée par Isabelle Lemesle à son arrivée en mai dernier – en remplacement de Christophe Vallet pourtant pressenti pour rester – avait suscité la colère des organisations syndicales qui avait obtenu le retrait du projet lors du conseil d’administration du 8 décembre. Les syndicats dénonçaient un manque total « de dialogue et de concertation », un « éclatement des compétences » et la multiplication de direction « inutiles ». « Il est normal d’avoir peur du changement dans ce contexte national anxiogène, réplique aujourd’hui Isabelle Lemesle. Mais je suis sûre que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes une fois la réforme lancée. La réorganisation est faite pour associer, en amont, les métiers de la maison et les replacer dans une dynamique globale. Cela va devenir beaucoup plus intéressant pour chacun d’entre nous ».

Plus prosaïquement, le nouvel organigramme porte le nombre de directions à neuf (contre six auparavant) avec en plus une direction scientifique, une direction des relations extérieures, une direction du développement économique et une direction de la maîtrise d’ouvrage pour répondre aux nouvelles responsabilités du CMN. Début 2007, le CMN s’était, en effet, vu confier la maîtrise d’ouvrage des travaux de restauration, de conservation et d’entretien des monuments. Cette décision, qui aura pour conséquence imminente l’arrivée au siège de trente-trois agents des DRAC et du Service national des travaux (SNT), a été prise non sans grincements de dents du côté des deux services déconcentrés du ministère.

Mais c’est surtout au niveau de l’ancienne direction du développement culturel (qui comprenait une myriade de départements) que le bât blesse. Les Éditions et le département de la diffusion qui s’y trouvaient seront séparés pour rejoindre respectivement la direction scientifique et celle du développement économique, ce qui n’est pas du goût de tous. Tandis que le service Photo du CMN, jusque-là autonome, voit d’un mauvais œil son attachement à une future direction scientifique. « La réforme n’est qu’un outil pour mettre en œuvre une politique », tranche Isabelle Lemesle, une « politique ambitieuse, en termes qualitatifs et quantitatifs, en direction de l’ensemble des publics » comme le précise la lettre de mission de La Rue de Valois, avec pour objectif 9 millions de visiteurs annuels, contre les 8,5 millions actuels. Une tâche délicate quand on sait que la fréquentation des monuments nationaux avait légèrement chuté cet été et que les résultats de 2007 étaient particulièrement bons.

Pour attirer un public plus diversifié, les crédits alloués à l’action culturelle ont été revus à la hausse ( 7,4 %) pour atteindre 2,5 millions d’euros. Cette enveloppe est destinée à financer des projets comme l’exposition « Psyché au miroir d’Azay » au Château d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), un festival organisé avec le Centre Pompidou à la Conciergerie ou « L’Année du roi René » à Angers. Cette année, le budget du CMN atteint 120 millions d’euros, la subvention de l’État s’élevant à 13 millions d’euros pour le fonctionnement et 30 millions d’investissement – somme à laquelle il faut ajouter environ 5 millions d’euros de manque à gagner liée à la gratuité des 18-25 ans récemment décidée par l’Élysée. Le CMN est aussi prié d’augmenter ses ressources propres, en misant sur ses soixante-dix boutiques, la location d’espaces et, évidemment, sur le développement du mécénat. La lettre de mission conclut en insistant sur « la qualité du dialogue social », peut-être la tâche la plus difficile à accomplir au regard du malaise actuel au sein du siège.

Le Centre des Monuments nationaux

Budget 2009 : 120 millions d’euros
Personnel : 1 313 agents (dont 250 personnes au siège parisien)
Nombre de monuments nationaux à gérer : 96
Visiteurs annuels en 2008 : 8,5 millions

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°298 du 6 mars 2009, avec le titre suivant : Malaise au CMN

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