Si à l’évocation de Leyde on pense à l’école éponyme du XVIIe siècle, dont Gerrit Dou et Jan Steen sont les ambassadeurs, on oublie souvent que la ville hollandaise a aussi été le berceau du mouvement De Stijl.
En 2009, le Musée De Lakenhal rappelait cette prestigieuse histoire en consacrant une grande exposition à Theo van Doesburg, suivie cet automne par une exploration méthodique des avant-gardes du début du XXe siècle ayant eu l’utopie comme moteur. La manifestation retrace deux épopées artistiques : l’expressionnisme et le constructivisme, deux mouvements dont l’ambition était l’émergence d’un homme nouveau au sein d’une société nouvelle, refondée sur les principes de l’art total. La première section tente ainsi d’ouvrir des perspectives originales sur l’expressionnisme en montrant qu’il ne se résume pas à ses deux facettes les plus célèbres – la peinture et le cinéma –, mais qu’il embrasse également le design, bien que ces réalisations, comme les programmes architecturaux, demeurent de rares exemples de projets concrétisés. La seconde partie dépeint une pénétration d’une tout autre ampleur des théories utopiques dans toutes les strates de la société sous l’impulsion des constructivistes. Plus programmatique, systématique et politique, cette volonté de transformer l’humanité se matérialisa dans la peinture, la sculpture, les arts de la scène, le cinéma, l’architecture, le vêtement, le design et même les jouets. L’exposition passe en revue toutes les manifestations de cet idéal à travers des œuvres du Bauhaus, De Stijl et des constructivistes russes, soulignant l’étroite intrication entre création et politique, notamment à travers les objets de propagande dessinés par Klutsis. La manifestation démontre aussi comment les avant-gardes ont théorisé l’abstraction comme un langage visuel universel visant à fédérer toutes les scènes en une internationale des artistes, en s’appuyant sur des pièces maîtresses de Van Doesburg, El Lissitzky ou encore Vilmos Huszár.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
À Leyde, l’utopie par le menu
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : À Leyde, l’utopie par le menu