Mission d’étude sur la spoliation. Lancée en 1997 et présidée par Jean Mattéoli, la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France concernait l’ensemble des biens, immobiliers et mobiliers, « acquis par fraude, violence ou vol, tant par l’occupant que par les autorités de Vichy entre 1940 et 1944 », et se donnait pour objectif d’établir « un inventaire [de ces] biensaccaparés sur le territoire français qui sont encore détenus par les autorités publiques ».
Dans le cadre de ses travaux, publiés en 2000, un rapport est rédigé par Isabelle Le Masne de Chermont (service des Musées de France) et Didier Schulmann (Centre Pompidou), sous le titre « Le pillage de l’art en France pendant l’Occupation et la situation des 2 000 œuvres confiées à la garde des musées nationaux ». Le Musée disparu [lire ci-dessus] est y évoqué comme un « livre, sous réserve de quelques investigations parfois hâtives, [qui] eut le mérite de réveiller les consciences ». Parmi ces consciences, celles des auteurs qui se sont attachés à l’étude des quelque 2 143 œuvres dites « MNR » (Musée nationaux Récupération) qu’hébergent les Musées de France, dans le sillage des chercheurs défricheurs du sujet, mais aussi en conformité avec les principes de la Conférence de Washington (1998). Ces principes exigent le recensement des œuvres volées par les nazis et non restituées, une entreprise à caractère exhaustif donc. Si la question des œuvres d’art n’est initialement pas une priorité de la mission Mattéoli, le travail sur les MNR mené dans ce cadre est finalement fondateur pour les recherches sur les œuvres volées : dénombrant 10 % d’objets « assurément volés », le rapport esquisse surtout l’ampleur des recherches à mener concernant les œuvres acquises par des Allemands sur le marché durant la guerre, potentiellement toutes issues de confiscations. En parallèle, les recherches du département des Peintures du Louvre lancées en 1996 aboutissent en 2004 à la publication du catalogue complet des peintures MNR. Ces efforts conjoints se révéleront immédiatement payants, avec une vingtaine de restitutions effectives à la fin des années 1990 : durant les trois décennies précédentes, seules deux œuvres MNR avaient retrouvé leurs propriétaires légitimes.
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Les précieuses données de la Mission Mattéoli
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°629 du 15 mars 2024, avec le titre suivant : Les précieuses données de la Mission Mattéoli