Leonora Hamill l'oeil en mouvement

D’abord à Canton (Chine) où lui est venu l’idée de la série Art in Progress avec laquelle elle remporte le prix HSBC en 2012, puis à Santiniketan, La Havane, Tétouan, Varsovie, à Londres, à Milan et à Paris aussi où elle a vécu – elle vit aujourd’hui à New York –, Leonora Hamill a toujours opéré de la même manière, attendant que le dernier étudiant ait fermé la porte derrière lui pour poser sa chambre et photographier. Photographier comme on enregistre une scène de crime et ses indices, où tout témoigne de ce qui s’est déroulé ici : une éclaboussure au sol, un morceau de sparadrap au mur, une sculpture avortée sur la sellette, un chevalet en sursis… Il faut dire que Leonora Hamill connaît bien les hôtes de ces lieux pour les fréquenter depuis que sa mère, marchande de tableaux, l’emmenait enfant dans les musées – où elle a contracté le virus. Au Courtauld Institute de Londres, elle apprend donc l’histoire de l’art ; à l’ICP de New York et au Royal College of Art de Londres, la photographie. Son champ de vision s’ouvre alors et va de Masaccio à Elger Esser et Didi-Huberman, l’œil toujours en mouvement… Ce n’est d’ailleurs pas l’appareil photo mais la caméra que l’artiste franco-britannique a posé à Saint-Eustache pour filmer le ballet des âmes qui peuplent l’église : prêtres, visiteurs, bénéficiaires de la soupe po… L’installation s’intitule Cheminement. Comme celui de ses yeux qui regardent le monde.