1906 Missak Manouchian naît dans une famille arménienne en Turquie, alors Empire Ottoman. Recueilli par une famille kurde après le décès de ses parents, victimes du génocide arménien, il est transféré avec son frère dans un orphelinat au Liban à la fin de la guerre, dans la zone d’influence française. Il est formé au métier de menuisier et découvre un intérêt pour l’écriture. Mélinée, sa future femme, elle aussi d’origine arménienne, naît à Constantinople en 1913. Ses parents sont eux aussi tués.
1925 Il arrive clandestinement en France avec son frère et entre comme ouvrier aux usines Citroën de Paris. En parallèle, il commence à se cultiver, rencontre des artistes, lit à la bibliothèque, fréquente la Sorbonne en auditeur libre, fonde une revue littéraire en langue arménienne. Il milite au parti communiste (PC) auquel il adhère en 1934 et rejoint le Comité de secours pour l’Arménie. Il devient permanent de cette organisation et rédacteur en chef de sa revue. Il épouse Mélinée en 1936.
1941 Brièvement incarcéré en 1939 pour son appartenance au PC à la suite du Pacte germano-soviétique, Missak devenu Michel s’engage volontairement dans l’armée française [voir ill.], puis est de nouveau emprisonné quelques semaines après la défaite de la France. Militant clandestin du PC, il entre dans la Résistance et intègre en 1943 les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée), un groupe armé constitué d’étrangers dont il devient l’un des responsables. « Le groupe Manouchian » est crédité d’une trentaine d’opérations entre juillet et novembre 1943, dont l’assassinat d’un colonel SS qui supervisait le Service du travail obligatoire (STO).
1944 Arrêté avec d’autres membres du groupe en novembre par la police française qui le filait depuis plusieurs semaines, il est livré aux Allemands qui le fusillent avec 21 autres hommes au terme d’un procès. C’est l’un des dix personnages figurant sur la célèbre « Affiche rouge », une affiche de propagande nazie dénonçant les « attentats terroristes » et placardée par l’occupant sur les murs de Paris. Il est ainsi décrit : « Arménie, chef de bande, 56 attentats, 150 morts ». Mélinée échappe à la vague d’arrestation et continue à servir dans la Résistance. Reconnue dès la fin de la guerre, sa figure de héros prend véritablement forme dans les années 1970 avec la sortie du film de Frank Cassenti, L’Affiche rouge.
2023 Emmanuel Macron annonce officiellement l’entrée au Panthéon de sa dépouille ainsi que celle de sa femme, le 21 février 2024, date de l’anniversaire de son exécution. La campagne pour sa panthéonisation a démarré il y a plusieurs mois, et l’équipe qui la mène avait été reçue à l’Élysée en décembre dernier. Les deux époux rejoindront une liste de résistants qui, depuis 1964 et l’entrée de Jean Moulin, comprend Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay (2015), et Joséphine Baker (2021). Comme pour ces derniers, la personnalité de Michel Manouchian recueille l’adhésion la plus large. Arménien et victime du génocide, poète, il est le symbole de ces étrangers venus en France et qui ont combattu pour la libérer de l’occupant nazi.
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Le résistant Missak Manouchian entrera au Panthéon en février 2024 aux côtés de sa femme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°614 du 23 juin 2023, avec le titre suivant : Le résistant Missak Manouchian entrera au Panthéon en février 2024 aux côtés de sa femme