Entièrement financé par le Conseil régional d’Île-de-France, le Musée passager s’apprête à prendre la route du 20 avril au 22 juin. Structure légère de taille modeste, le dernier né des musées itinérants accueillera des performances, des concerts et des œuvres d'art contemporains. Aura-t-il le même destin malheureux que celui de certains de ses prédécesseurs ?
Sans tambour ni fanfare, ni grand tapage médiatique particulier, c’est au cours d’un simple cocktail le 12 décembre dernier au siège de la présidence du Conseil régional d’Île-de-France, que Julien Dray a présenté le Musée passager, dernier né des structures mobiles muséales. Si une nouvelle fois, et comme dans le cas du Centre Pompidou Mobile (CP mobile), la vocation de ce type d’entité est d’aller vers les populations qui ne vont pas spontanément au musée, le projet porté par le vice-président du Conseil régional d’Île-de-France chargé de la culture se différencie cependant en de nombreux points de son aînée, qui n’a été en « aucune manière un modèle, une référence dans ce projet », précise Julien Dray – qui, pour « un temps très court », fut intéressé néanmoins par le Mobile Art de Zaha Hadid actuellement sur le parvis de l’Institut du monde arabe (IMA). Le coût élevé du démontage et remontage de cette structure, 1 025 000 euros, l’en a dissuadé rapidement.
Le Musée passager se positionne de fait comme une nouvelle génération de musée itinérant. Par sa structure d’abord, conçue par les Ateliers Frédéric Laffy et l’architecte Philippe Rizzotti, bien plus modeste en taille, 216 m2 contre 650 m2 pour le CP Mobile imaginé par l’architecte Patrick Bouchain ou les 763 m2 du Mobile Art. Aucun geste architectural par ailleurs dans la forme de ce prototype reproductible, mais une approche intégrant « économie de matière, d’eau et d’énergie tout au long du processus de fabrication. » Long pavillon mobile en métal et polycarbone aux allures de conteneur fin et alvéolé, le Musée passager s’organise entre un espace muséal et un espace ouvert modulables en fonction de la programmation.
Centrée sur la création contemporaine et associant arts plastiques, street art, musique électronique et hip-hop, le concept de ce musée itinérant diffère également de ses prédécesseurs. Il ne fait appel à aucune collection de musées, uniquement à des artistes associés ou non à des galeries pour ce qui concerne le volet art contemporain. Telle, pour cette première édition 2014, Valérie Belin adossée à la galerie Nathalie Obadia, Youcef Korichi à la galerie Suzanne Tarasieve ou Ann Veronica Janssen à celle de Kamel Mennour. « Les performances de street art, les concerts, la danses, les rencontres avec les artistes… formeront de leur côté une programmation événementielle organisée en association avec les collectifs, les associations, troupes, groupes locaux », explique Laetitia Maffei chargée de projets d’ingénierie culturelle aux Ateliers Frédéric Laffy.
Un projet pensé autrement
L’emplacement du musée lui-même vise non pas les espaces urbains décentrés, mais ceux fréquentés par toutes catégories sociales: place principale de la ville, abord d’un centre commercial ou d’une station RER. L’autre grande différence réside dans le coût de la structure (200 000 euros pour ce prototype reproductible) et le coût de fonctionnement (300 000 euros) pris tous deux entièrement en charge par le Conseil régional d’Île-de-France. « 300 000 euros pour quatre étapes de seize jours, trois jours de montage et deux jours de démontage », précise Laetitia Maffei, « cette somme comprenant 50 000 euros pour la production d’œuvres et 96 000 euros pour le transport, le montage, démontage et gardiennage. » Autrement dit, les communes intéressées par l’accueil du musée passager n’auront rien à débourser. On est d’autre part bien loin du coût d’investissement du CP Mobile (2,5 millions d’euros) et du montant des dépenses engagées par chaque ville qui désirait l’accueillir, entre 400 000 et 600 000 euros, montant qu’elle finançait avec l’aide des autres collectivités publiques territoriales (département, région).
Saint-Denis, Évry, Mantes-la-Jolie et Val d’Europe seront à partir du 20 avril et jusqu’au 22 juin les quatre premières villes à accueillir successivement, durant 15 jours, ce musée d’un autre genre dont l’accès sera gratuit et les œuvres seront produites ou prêtées par les artistes ou leur galerie. Vingt et une autres étapes devraient être programmées ailleurs d’ici 2017. Reste à voir comment les quatre premières étapes vont se dérouler et le succès que rencontrera ce nouveau musée mobile, par rapport à ses prédécesseurs dont la disparition a différé d’une structure à l’autre.
Offert par Chanel à l’IMA et installé devant son parvis, le Mobil Art (qui n’a rien de mobile) sera démonté en janvier comme le souhaitait Jack Lang, et entreposé dans un lieu de stockage en attendant de trouver preneur. Juridiquement l’IMA est tenu d’en faire don à son nouveau propriétaire. Dubaï serait intéressée comme la municipalité de Lyon et le Conseil Régional de Rhône Alpes pour l’installer dans le quartier de La Confluence. Aucune décision n’a été encore prise du côté de l’IMA où l’on examine dit-on « le meilleur emplacement et ceux qui feront la meilleure proposition », en sachant que les frais de démontage, de stockage et de remontage seront à la charge du repreneur.
Quant au sort dévolu au Centre Pompidou Mobile, il vient d’être offert par Beaubourg au Centre international des arts en mouvements à Aix-en-Provence, inauguré en septembre 2013 et dédié aux arts du cirque.
20 cours de l’Albret, 33000 Bordeaux, tél. 05 56 10 20 56, www.musba-bordeaux.fr, tlj sauf mardi, 11h-18h.
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Le Musée passager veut conjurer le destin
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°404 du 3 janvier 2014, avec le titre suivant : Le Musée passager veut conjurer le destin