Depuis le début de la guerre, de nombreux artistes ukrainiens ont été accueillis en France. Des photographes ont cependant décidé de retourner en Ukraine afin de documenter le conflit.
Dans le sillage du soutien aux réfugiés ukrainiens dès mars 2022, les artistes ont aussi bénéficié de nombreux programmes d’aide de la part des institutions culturelles et du secteur associatif. Le premier programme, à large spectre, a été mis en place par le ministère français de la Culture quelques semaines après le début de la guerre. Ce fonds « Soutien culture Ukraine » abondé à hauteur de 1,3 million d’euros en 2022 comportait notamment un volet accueil d’urgence en collaboration avec l’Atelier des artistes en exil (AAE), le programme « Pause » et la Cité internationale des arts. Ces acteurs culturels ont largement accueilli les artistes ukrainiens, ainsi que des artistes de Russie et du Bélarus : un choix affirmé d’intégrer à la fois les Ukrainiens et les artistes opposants russes et biélorusses. La Cité internationale des arts a ainsi accueilli en urgence 15 artistes ukrainiens et russes en 2022, selon Bénédicte Alliot. Elle précise que sur deux ans une vingtaine d’artistes ukrainiens, toutes disciplines confondues, ont été accueillis, et que la plupart sont restés en France par la suite.
Les Ukrainiens et les Russes constituent également les communautés les plus représentées à l’AAE depuis deux ans, selon Judith Depaule. Avec l’enlisement de la guerre, la question du séjour prolongé en France se pose désormais, comme elle s’était posée pour les Syriens auparavant. Mais la pérennité de certains programmes de soutien après la durée de résidence initiale devient problématique (entre trois mois et un an renouvelable selon les dispositifs et les opérateurs).
Mais tous les Ukrainiens soutenus par la France ne souhaitent pas y rester, notamment les photographes. Le réseau Diagonal, qui regroupe des structures consacrées à la photographie, a organisé, depuis le printemps 2022, 13 expositions de photographes ukrainiens en France. Erika Negrel, directrice du réseau, rappelle que début 2022, « il n’y avait pas de programme d’aide d’urgence pour ces photographes » et que Diagonal s’est mobilisé rapidement en partenariat avec le festival Odesa Foto Days, grâce au financement du ministère de la Culture. Cinquante-deux Ukrainiens ont bénéficié du programme d’expositions et d’une mise en lumière par des interviews ou des tables rondes sur tout le territoire français. Erika Negrel ajoute que les expositions « ont été présentées dans deux ou trois lieux en moyenne » en France, et qu’elles ont été vues par plus de 52 000 visiteurs.
Si plusieurs photographes sont venus en France depuis le printemps 2022, peu ont choisi d’y rester : à la différence des plasticiens ou des réalisateurs, les photographes sont retournés en Ukraine ou dans un pays frontalier, quitte à faire des allers-retours ailleurs en Europe. Erika Negrel suggère que « la guerre a fait évoluer leur pratique vers le documentaire, à cause de la nature du médium photographique ». Selon elle, peu de photographes ukrainiens continuent une pratique artistique car « ils veulent constituer une archive de la guerre en cours ».
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Le cas particulier des artistes ukrainiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Le cas particulier des artistes ukrainiens