Depuis juin 1995, le total des subventions issues de la Loterie nationale britannique dépasse les 2 milliards de livres (15,6 milliards de francs). L’Heritage LotÂtery Fund a distribué pour sa part 273 millions de livres (2,1 milliards de francs) pour l’ensemble des projets affectant le patrimoine (archives, musées, bâtiments historiques, environnement…), dont 7,25 %, soit 20 millions de livres (156 millions de francs), pour l’acquisition d’œuvres et d’objets d’art. Cette somme représente une augmentation d’environ 50 % des crédits d’acquisitions des musées britanniques.
LONDRES (de notre correspondant). À elle seule, la National Gallery de Londres a monopolisé les deux tiers des 20 millions de livres (156 millions de francs) alloués par l’Heritage Lottery Fund (HLF) aux musées britanniques pour leurs acquisitions d’œuvres et d’objets d’art. Elle a en effet reçu les deux plus importantes subventions, dont 8 millions de livres (62 millions de francs) pour l’achat d’un paysage de Seurat. La plupart des autres grands musées du Royaume-Uni ont bénéficié des largesses du HLF, à l’exception de la Tate Gallery. "Tout simplement parce qu’aucune œuvre susceptible d’intéresser le musée n’est passée sur le marché pendant cette période", a déclaré son porte-parole, Sandy Nairne. Mais si l’on excepte les musées nationaux anglais, les deux grandes collections écossaises (les National Galleries of Scotland d’Édimbourg et l’Art Gallery & Museum de Glasgow), le National Trust et l’Ashmolean Museum, les musées de moindre importance n’ont recueilli que six subventions, pour un total de 512 215 livres (près de 4 millions de francs), soit moins de 3 % des sommes allouées pour les acquisitions. Pour le directeur du HLF, Anthea Case, "ceci reflète le fait que les petits musées n’ont soumis que très peu de dossiers".
Quelques craintes
À titre de comparaison, les crédits d’acquisitions octroyés par le gouvernement ont atteint 9 millions de livres (70,2 millions de francs) en 1992-1993, derniers chiffres disponibles. Autres mannes publiques, le National Heritage Memorial Fund (NHMF), qui a versé 7,7 millions de livres (60 millions de francs) aux musées pour leurs acquisitions en 1995, et le National Art Collections Fund (NACF), qui a distribué 2,7 millions de livres (21 millions de francs). Les dations se montent en moyenne à 2 millions de livres par an (15,6 millions de francs), mais le total a exceptionnellement atteint 5,7 millions de livres (44,5 millions de francs) en 1995. Les aides des Museums & Galleries/V&A Purchase Grants, réservées aux musées autres que nationaux, se sont élevées à 1,7 million de livres (13,3 millions de francs). Soit un total avoisinant, bon an mal an, 25 millions de livres (195 millions de francs), auquel il faut ajouter quelques ressources supplémentaires provenant des collectivités locales, des donateurs privés, des associations d’Amis et des fonds propres des musées.
L’annonce de ces subventions issues des gains de la Loterie, qui augmentent approximativement de 50 % les crédits d’acquisition des musées britanniques, est néanmoins tempérée par plusieurs craintes. Certains redoutent en effet que le gouvernement n’en profite pour couper les crédits qu’il accorde aux musées nationaux. Lord Rothschild, président du HLF, a notamment déclaré qu’il était "important que l’argent de la Loterie reste distinct des crédits alloués par l’État afin d’être assuré que ces aides soient maintenues."
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’art de la Loterie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : L’art de la Loterie