Le LaM, La Piscine, le Musée Matisse, le Palais des beaux-arts de Lille, le Musée du dessin et de l’estampe originale…
Le Nord-Pas-de-Calais et ses cent vingt musées réunit quelques-unes des plus prestigieuses institutions françaises.
Avec cent vingt établissements, dont quarante-sept labellisés « Musée de France », le Nord-Pas-de-Calais s’impose comme la deuxième région la plus riche en musées, juste derrière l’Île-de-France. Cette densité exceptionnelle s’explique par la quantité considérable de musées des beaux-arts fondés au XIXe siècle, mais aussi par l’engagement pérenne de la région dans la création de nouvelles structures destinées à intensifier ce réseau historique.
À l’avant-garde des politiques de démocratisation culturelle et de décentralisation, la région œuvre en effet depuis près de quarante ans à dynamiser son territoire par le biais de la culture ; une démarche consacrée notamment par l’ouverture d’institutions prestigieuses, à l’instar du LaM – inauguré en 1983, il a rouvert en 2010 après trois ans de travaux – ou de La Piscine.
Trois villes du Nord-Pas-de-Calais dans le top 10 du Palmarès des musées
Répartis de façon homogène sur le territoire, les musées septentrionaux se distinguent donc par leur nombre, mais également par la richesse et la diversité de leurs collections. Cette grande complémentarité façonne un vaste panorama artistique : musée archéologique, des beaux-arts, d’art contemporain, d’ethnologie, d’artiste (Matisse au Cateau-Cambrésis), de collectionneur (le LAAC, par exemple, né de la passion de Gilbert Delaine [lire p. 26]), mais aussi institutions dédiées à des aspects emblématiques du Nord-Pas-de-Calais, comme l’univers minier, jalonnent en effet la région. Cet important maillage territorial est par ailleurs renforcé par l’action de l’Association des conservateurs des musées du Nord-Pas-de-Calais, qui a notamment été à l’initiative de l’opération « Les beffrois de la culture » en contrepoint de Lille 2004.
Acteurs incontournables des politiques culturelles locales, ces établissements réussissent en outre à conjuguer leur rôle de musées de proximité avec une programmation très rigoureuse. La
qualité de ces institutions est largement saluée par les spécialistes. Ainsi, en 2012, trois des principales structures du Nord-Pas-de-Calais : le LaM de Villeneuve-d’Ascq, le Palais des beaux-arts de Lille et La Piscine de Roubaix, trustent les marches du podium du Palmarès des musées en région Artclair L’œil-Le Journal des Arts et arrivent respectivement 6e, 8e et 9e au classement national.
Fort d’une très riche collection, dont le spectaculaire chef-d’œuvre de Rubens La Descente de croix, le Palais des beaux-arts de Lille s’impose avec 215 704 visiteurs comme le musée le plus fréquenté de la région. Un score en demi-teinte car nettement inférieur à celui des musées d’autres grandes villes comme Lyon (267 296) ou Montpellier (291 322), mais surtout à peine plus élevé que celui de la Piscine à Roubaix. Grâce à sa superbe collection de sculptures fin XIXe-début XXe, dont La Petite Châtelaine de Camille Claudel est devenue l’icône, l’établissement roubaisien a en effet attiré 206 123 visiteurs. Un an seulement après sa réouverture, le LaM de Villeneuve-d’Ascq a également été plébiscité par le public avec 190 053 visiteurs. Un très beau résultat pour un musée dont la collection est en partie dédiée à l’art brut, une forme d’art peu connue du grand public.
Derrière ces grandes structures de la métropole lilloise, deux établissements départementaux occupent la quatrième et cinquième place avec des chiffres de fréquentation plus qu’honorables. Le Musée départemental de Flandre a ainsi accueilli 84 068 visiteurs à Cassel, une commune qui compte moins de 3 000 âmes. Même satisfecit au Cateau-Cambrésis qui, grâce à Henri Matisse, son plus célèbre ressortissant, a attiré 66 370 visiteurs au musée départemental éponyme, soit près de dix fois la population de la ville.
À Roubaix, la métamorphose de La Piscine continue
Lorsqu’en 1932 le maire de Roubaix, Jean-Baptiste Lebas, demande à l’architecte lillois Albert Baert de concevoir la piscine de la ville, il lui précise qu’elle « doit être la plus belle de France ». Roubaix est alors la capitale mondiale du textile et l’une des villes les plus riches de l’Hexagone. Quatre-vingt ans plus tard, et après avoir été fermée en 1985, l’ancienne piscine, chef-d’œuvre Art déco, est devenue un musée-phare du paysage culturel français par son bâtiment, ses collections et sa programmation.
Tête de Nepture crachant son filet d’eau, céramiques beiges des cabines de douche, immenses verrières en éventail… Tout a été conservé pour raviver les souvenirs et introduire pas à pas au Musée d’art et d’industrie André Diligent, nouvelle identité du lieu depuis onze ans. Même la cheminée de l’ancienne usine de tissage Hannart Prouvost, attenante à la piscine municipale, a été conservée.
Reconversion et métamorphose réussies d’un espace public, menées par Jean-Paul Philippon, qui se verra dôté d’ici à 2014-2015 de nouveaux espaces. Au programme : l’adjonction d’un nouveau bâtiment voué à accueillir une nouvelle salle d’exposition temporaire et d’une aile dédiée à la sculpture du XXe siècle couplée à l’atelier d’Henri Bouchard. Le hall de l’ancienne entrée de La Piscine sera quant à lui dévolu au groupe de Roubaix, l’ancien collège Sévigné attenant devant accueillir les ateliers pédagogiques du musée, qui doubleront en nombre. À terme, la tissuthèque devrait aussi s’y épanouir.
Les richesses insoupçonnées du Musée de Cambrai
Moins célèbre que son voisin, le Musée Matisse du Cateau-Cambrésis, le Musée des beaux-arts de Cambrai abrite néanmoins une belle collection constituée au gré d’une histoire mouvementée. En pleine tempête révolutionnaire, les édifices religieux de la ville sont mis à sac et les biens des émigrés, confisqués ; des érudits s’appliquent alors à protéger ce qui a échappé au vandalisme. Les œuvres d’art et les éléments lapidaires conservés deviennent l’embryon du musée, enrichi progressivement par des dépôts de l’État et d’importantes donations. Au début du XXe siècle, l’institution est à son apogée. Malheureusement, des troupes allemandes ravagent la ville en 1918 et pillent le musée. Les œuvres volées sont majoritairement détruites. Après la guerre, seule une poignée d’entre elles regagnent les cimaises. Il faut attendre les nouveaux dépôts des collections nationales, ainsi que des acquisitions, pour que le musée retrouve son lustre à la fin des années 1950.
Ingres, Rodin et Claudel
C’est pourquoi les collections de Cambrai présentent aujourd’hui un caractère lacunaire. Deux départements se distinguent cependant par leur richesse : le département du Patrimoine et celui des Beaux-Arts. S’ouvrant sur un impressionnant plan-relief de Cambrai, le premier retrace l’histoire de la cité. Pédagogique, il renferme en outre quelques pépites, dont une superbe série de sculptures baroques en albâtre. Le département des Beaux-arts s’illustre, quant à lui, par un important corpus de peintures flamandes et un riche fonds d’œuvres du XIXe siècle. L’attrait de ce fonds réside non seulement dans les œuvres de ses hôtes de renommée internationale (Ingres par sa Tête de la grande odalisque couchée, Rodin ou encore Claudel) mais aussi dans celles qui sont signées d’artistes locaux importants, comme le sculpteur Joseph Carlier.
- « Heurs et malheurs du Musée de Cambrai », Musée de Cambrai, 15, rue de l’Épée, Cambrai (59), www.villedecambrai.com, jusqu’au 20 janvier 2013.
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La deuxième région la plus riche en musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°650 du 1 octobre 2012, avec le titre suivant : La deuxième région la plus riche en musées