Des espaces supplémentaires, de jeunes recrues belges et l’arrivée d’un bloc de sept marchands allemands viennent renforcer l’image internationale d’une manifestation où les Français jouent un grand rôle.
Sous le titre “L’Œil du Mécène”, la Foire des Antiquaires réunit une cinquantaine de marchands au Palais des beaux-arts de Bruxelles. Elle demeure l’événement principal de la saison en Belgique, et l’un des plus anciens d’Europe en compagnie des biennales de Paris et Florence. Il y a trois ans, le président de la Chambre des antiquaires de Belgique, Christian de Bruyn, a voulu internationaliser une manifestation en perte d’audience. Bien lui en a pris. Même si seuls cinquante stands sont autorisés en raison de l’exiguïté des lieux, la foire a retrouvé une aura.
Pour la première fois, elle va profiter du majestueux hall d’entrée de la salle des ventes des beaux-arts, jadis utilisé comme “salle de sculptures”. Ce lieu, scandé de colonnes et animé partiellement de marbre rouge, a été dessiné par Victor Horta en 1925-1926. Là seront installés, face à face, les stands de Christian de Bruyn et de La Mésangère (Albert Vandervelden).
De jeunes négociants belges peuvent désormais aiguiser leurs premières armes. Trois nouveaux effectuent leur entrée : Philippe d’Arschot-Schonhoven pour l’argenterie, Bernard de Grunne pour l’art africain, océanien et amérindien, et la galerie Boon pour les tableaux des XIXe et XXe siècles. Ces recrues sont accompagnées par un groupe de sept négociants allemands. En revanche, il faut constater les renoncements de Dirk Mayeart, marchand de meubles Empire à Courtrai, de Bernard Steinitz, de Bascourt d’Anvers et d’Ikodinovic du Sablon, à Bruxelles.
Coté français, on pourra compter cette année avec la venue de la Galerie Mermoz, Guy Ladrière, Jacques Leegenhoeck, De Jonckeere, Pintelon et De Maere et Croissy, installés à Courbevoie.
Que verra t-on ? Chez de Bruyn, outre une très rare table portative espagnole de style Mudejar, un impressionnant miroir baroque en ferronerie étamée et dorée. Signé “Fabricando Fabry Fimus” et daté 1686, il est, semble-t-il, le fruit d’une commande princière parisienne. Chez Axel Vervoordt, un superbe pichet en porcelaine de Chine, haut de 23 cm, orné d’une monture anglaise vers 1600, qui a appartenu à Nicolas Landau. Chez Bernard de Grunne, une très belle stèle en terre cuite Bura du Niger, haute de 46 cm et datable des années 1415. Chez La Mésangère de Liège, sous la responsabilité d’Albert Vandervelden, quelques chefs-d’œuvre de l’art liégeois, et notamment du mobilier. Si Liège s’est créé une grande réputation pour ses meubles en chêne sculpté, il est plus rare de rencontrer des pièces marquetées. C’est le cas d’un étonnant cabinet en marqueterie de frêne, loupe de thuya et filets de poirier noirci. Vandervelden proposera également une magnifique fontaine en argent massif à un robinet, poinçonnée à Bruxelles en 1770, œuvre du maître-orfèvre H. De Potter et haute de 40 cm. Les bijoux de Véronique Bamps possèdent souvent un charme Belle Époque indéniable, à l’instar de ce collier en or jaune formé de motifs ajourés émaillés et de citrines taillées en poire. Cette pièce italienne est signée C&A Guiliano. Elle date des années 1880.
Une place pour la photographie
Chez Bernard De Leye, spécialiste en argenterie ancienne, une exceptionnelle paire de cafetières liégeoises retiendra l’attention. Elles ont été réalisées par le maître-orfèvre François Béanin, mais la première date de 1744 alors que les poinçons de la seconde sont de 1765. Chez Patrick Derom, une toile de Jean Brusselmans (1884-1953) frappera par la concision de sa mise en page. Il s’agit d’une Nature morte au papier-peint à fleurs, peinte en 1933. De son côté, Jacques Leegenhoeck présentera une composition sur cuivre de Nicolas Verkolje (1673-1746), Léda et le Cygne, ainsi qu’un Paysage avec la fuite en Égypte peint par Lucas Gassel vers 1570. Enfin, originalité belge, la foire accorde une place à la photographie. Le marchand franco-américain Harry Lunn y participe pour la seconde fois. Il présentera des images du XIXe siècle (Baldus, Beato, Carjat, Fenton, Le Gray, Hugo, Kuehn, Nadar…) et d’autres de la première moitié du XXe (Gisèle Freund, Hoppe, Kertesz…).
43e FOIRE DES ANTIQUAIRES, 23 janvier-1er février, Palais des beaux-arts de Bruxelles, rue Ravenstein 23, tlj 12h-21h ; lundi 12h-19h ; dimanche 11h-19h. Vernissage le 22 janvier. Entrée : 60 FF, 350 FB. Catalogue : 50 FF, 300 FB. Renseignements au 32 2 513 48 31.
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La 43e Foire des Antiquaires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : La 43e Foire des Antiquaires