Jim Dine - La fureur de créer

Posés sur une table d’atelier, ces assemblages inédits présentent des objets trouvés, des outils (marteau, pince, vilebrequin…) et des objets-sculptures en verre de Murano. Le tout porte sur le thème, récurrent chez ce plasticien néo-dada qui a fréquenté Kaprow et Rauschenberg, des outils : « Il me semble, souvent, que les outils que j’inclus dans la plupart de mes pièces constituent un système de soutien. Ils ont été un soutien moral – un appui et un porte-parole quand j’avais besoin d’une métaphore pour exprimer ce que je voulais vraiment dire. Mais ce ne sont pas des métaphores littéraires. Elles sont faites à la main et viennent de la main. » Au fond, Dine, qu’on associe ordinairement au pop art, a peu à voir – hormis l’imagerie de la banalité – avec ce mouvement célébrant l’impersonnalité et la reproduction mécanique. Lui se vit avant tout comme un poète cherchant à révéler le processus créatif ainsi que sa mythologie personnelle, via son moi, son corps et sa mémoire ; nul doute que ces « boîtes à outils » sont pour lui l’occasion de se rappeler la quincaillerie de son grand-père où, enfant, il passait de longues heures. Pour ce créateur de 80 ans se référant souvent à Gepetto, qui file la métaphore de l’art en ayant créé Pinocchio, ces outils réunis, aux couleurs éclatantes, sont à la fois un retour aux sources, l’affirmation d’une énergie toute juvénile et un prolongement de ses mains, visant à faire ressortir le processus mystérieux de la construction d’une œuvre d’art.