Gustave Doré - Viviane et Merlin

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 20 mai 2013 - 350 mots

En attendant la rétrospective que le Musée d’Orsay consacrera à Gustave Doré en 2014, le Musée du monastère royal de Brou acquiert une toile maîtresse du peintre qui complète un fonds d’œuvres déjà remarquable.

Doré Gallery
Le succès de Gustave Doré (1832-1883) est immense en Angleterre, si bien que le peintre français inaugure en 1868 une galerie permanente à Londres où ses œuvres, dont le tableau du Musée de Brou, sont exposées en avant-première.

42 000 €
Un prix raisonnable pour cette grande toile acquise auprès de la galerie londonienne Whitford Fine Art. Celle-ci avait prêté le tableau au Musée de Brou à l’occasion de l’exposition qu’il consacra à l’artiste en 2012. L’acquisition a été supportée pour moitié par l’État et la région Rhône-Alpes, le reste provenant de la Ville de Bourg-en-Bresse et de sa chambre des notaires.

1867
Cette année-là, les poèmes tirés des Idylles du roi d’Alfred Tennyson sont illustrés par Gustave Doré. De ses dessins, gravés pour l’édition anglaise, découle directement la peinture commentée.

Brocéliande
La scène illustre le vers de Tennyson : « Aux pieds de Merlin est étendue l’astucieuse Viviane. » Dans la peinture, la fée n’est plus dans les bras du magicien, mais se tient malicieusement à l’écart. Son attitude de vierge sage est un stratagème pour séduire l’enchanteur. Elle aimerait lui soustraire ses secrets de magie. Gustave Doré représente le magicien vulnérable, affaibli par son grand âge qui s’incarne, ici, dans l’arbre vénérable placé dans son dos. La forêt de Brocéliande est la demeure éternelle du vieux druide depuis que Viviane lui a jeté un sort. Merlin, dont la peau parcheminée et les os noueux se confondent avec le végétal, est sur le point de disparaître, comme par enchantement !

Heroic fantasy
L’illustration de la légende arthurienne par Gustave Doré s’inscrit dans un goût européen pour le fantastique initié en Angleterre dès la fin du XVIIIe. Pas étonnant alors que l’œuvre onirique de Doré ait trouvé chez les Britanniques un accueil enthousiaste. Sa peinture fait écho à celle de son contemporain anglais Richard Dadd (1817-1886), artiste illuminé qui peupla ses toiles de créatures de contes de fées.

Légende photo

Gustave Doré, Viviane et Merlin, vers 1867, huile sur toile, 171 x 122 cm, Musée du monastère royal de Brou. © Louis Houdus / MRB.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°658 du 1 juin 2013, avec le titre suivant : Gustave Doré - Viviane et Merlin

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