Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris consacre la peinture de la Britannique Bridget Riley. Le parcours initiatique de l’exposition se nourrit de multiples effets d’optique.
Spirales hypnotiques, houles colorées, ébullitions de cercles, vibrations de lignes, couleurs en fusion, l’expérience qui s’éprouve à la surface des toiles de Bridget Riley ne peut trouver aucune compensation dans le discours sur l’œuvre. Il faut « voir » cette peinture monumentale et parfaitement exécutée, se laisser surprendre par ses effets d’optique, pour saisir son principe qui place la perception au centre de l’esthétique. C’est par ce sas sensoriel que l’on entre dans la peinture de Bridget Riley au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, lequel consacre une rétrospective à l’artiste britannique célébrée à travers le monde mais encore mal connue en France. Le parcours limpide composé par la commissaire Anne Monfort pourrait faire croire que « les œuvres étaient faites pour l’espace d’exposition ». Des premières toiles inspirées de Georges Seurat en 1959 aux deux peintures murales réalisées spécialement (Composition With Circles 6 et Wall Painting 1), le parcours retrace une carrière marginale, qui n’a jamais rejoint le mouvement de l’op’art – bien que Riley en inventât le langage plastique –, préférant se référer à la peinture classique et revendiquer l’héritage du postimpressionnisme.
Pour soulager les pupilles, le voyage psychédélique des premières salles débouche sur un cabinet de dessins qui dévoile les coulisses de l’œuvre, et capte le temps du face-à-face avec la composition, dans l’intimité de l’atelier, avant que sa réalisation ne soit enfin déléguée. Ces travaux préparatoires illustrent une méthode empirique – l’artiste insiste sur le fait qu’elle n’a jamais étudié l’optique – en même temps qu’ils traduisent une passion insatiable pour la ligne et la couleur. Cette antichambre de l’art située au centre de l’exposition livre les clefs de lecture des œuvres plus récentes, qui composent le troisième mouvement de l’exposition, et permet d’en mesurer l’épaisseur historique. Dans la plus pure tradition picturale, la série des « peintures égyptiennes », entamée en 1980, restitue les couleurs des sarcophages de la Vallée des Rois qui envoûtèrent l’artiste lors d’un voyage initiatique. Ces bandes de couleur contiennent leur emphase lyrique dans la forme géométrique, laissant ainsi entrevoir l’infinité des motivations artistiques que recouvre l’abstraction géométrique, dont cette exposition se fait l’ambassade.
Jusqu’au 14 septembre, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, tél. 01 53 67 40 80, tlj sauf mardi 10h-18h, jeudi 10h-22h. Catalogue, éditions Paris-Musées, 326 p., 39 euros.
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Géométrie lyrique
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaire de l’exposition : Anne Monfort - Nombre de pièces : 138
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°285 du 4 juillet 2008, avec le titre suivant : Géométrie lyrique