Dépositaire de la collection de photographies de la chaîne de magasins Fnac, riche de près de 2 000 œuvres, le Musée Nicéphore-Niépce présente une sélection de ses images fortes
En octobre prochain, la Fnac célébrera ses 60 ans, un anniversaire que la direction de la chaîne de magasins axe davantage sur la mise en valeur des évolutions de sa politique culturelle que sur ce qui en a fait les particularités et les audaces au cours de son histoire. Tout particulièrement en photographie, médium pour lequel les fondateurs de la Fédération nationale d’achats des cadres, André Essel (1918-2005) et Max Théret (1913-2009), développèrent galeries et collection de photographie. Le Musée Nicéphore-Niépce, à Chalon-sur-Saône, présente une cinquantaine de ces images passées, à l’instar de leurs auteurs, à la postérité – sans que la communication du groupe ne fasse de cette exposition l’un des événements phares de ses célébrations. Un simple communiqué de presse a fait office d’annonce, la direction préférant se concentrer sur son événement photo du quatrième trimestre et faire oublier sa décision de fermer les dernières galeries photo de son réseau.
La place et le rôle de pionnier que ces galeries ont joué ont pourtant été fondamentaux tant auprès du public que des photographes. Elles ont donné une visibilité à la scène photographique, sensibilisé tout un public à une époque où exposer la photo était une pratique rare, voire inexistante ; elles ont aussi participé à l’éducation du regard bien avant que cette dernière ne devienne l’une des priorités des institutions publiques ou privées.
1985-2005, années fastes
Raymond Depardon y a fait ses premières expositions avec « Chroniques new-yorkaises » en 1981, Robert Doisneau y a fêté ses 80 ans tandis que les portraits de studio de Malick Sibidé ou de Seydou Keita révélaient le talent de leurs auteurs et rappelaient le soutien de la Fnac aux premières éditions des Rencontres de Bamako (Mali).
Lorsque, en 1956, les créateurs de cette enseigne, vouée à la vente au meilleur prix de produits électroménagers et bien culturels, ont lancé les premières séances de lecture de l’image en lien avec la vente d’appareils photo, puis, en 1966, ouvert leur première galerie photo, pionnière en la matière en France, ils ont fait figure de précurseurs. La collection de photographies débutée en 1978 par Gil Mijangos, directeur des galeries (1975-1983), fut également la première engagée par une entreprise. La constitution de la collection a collé aux expositions organisées par les directeurs responsables des galeries : Gil Mijangos d’abord puis François Hébel (1983-1985), mais surtout Laura Serani, qui, à partir de sa nomination en 1985, a enrichi de manière exponentielle la collection, passée de 150 numéros à 1 800 à son départ en 2005, et développé le réseau de galeries de huit à Paris à cent dix en régions dans les années 1990 (en incluant la poignée à l’étranger), avant qu’il ne voie ses rangs se réduire à cinq aujourd’hui.
« Des dons conséquents ont également enrichi la collection tels celui de la veuve de Brassaï ou du collectionneur Lucien Treillard pour les photographies de Man Ray », précise Laura Serani, tout en rappelant que les deux prix photo dédiés aux jeunes talents, l’un pour la scène française, l’autre pour la scène européenne, ont aussi alimenté le fonds, de même que des productions à l’exemple de celle menée avec Reporters sans frontières sur le début du conflit au Rwanda couvert par Reza et Yan Morvan.
En 2002, l’exposition présentée à la Conciergerie, à Paris, a donné la mesure de l’importance de cette collection. Douze ans après, l’ambition culturelle qui la sous-tendait se retrouve au Musée Niépce. Mais au moment où se clôt l’histoire, le musée redonne sa substance en quelques morceaux choisis que l’on ne se lasse pas de découvrir.
« La Fnac. Une collection pour l’exemple », titre le musée qui expose une cinquantaine de pièces majeures produites après 1945, excepté pour Brassaï exposé dans une autre partie du musée. Portraits de Truman Capote jeune vu par Henri Cartier-Bresson, de William S. Burroughs par Gerard Malanga ou de Jack Kerouac par Allen Ginsberg, portrait encore d’Ingrid Bergman par David Seymour ou du Che par René Burri, puis l’apartheid vue par Abbas, reflètent une programmation totalement indépendante. « La collection couvre la plupart des courants majeurs de la photographie », souligne Christelle Rochette, conservatrice adjointe au Musée Niépce, désormais dépositaire d’une collection de 1 800 pièces.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Flash-back sur la collection de la FNAC
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 21 septembre, Musée Nicéphore-Niépce, 28, quai des messageries, 71100 Chalon-sur-Saône, tlj sauf mardi et jf, juillet-août 10h-18h, de septembre à juin 9h30-11h45, 14h-17h45, www.museeniepce.com
Légende photo
Lutz Dille, New York, 1962. © The Estate of Lutz Dille, courtesy Stephen Bulger Gallery.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : Flash-back sur la collection de la FNAC