Si le sujet a été relégué au rang des préoccupations secondaires, le projet du candidat démocrate, élu président des États-Unis d’Amérique le 4 novembre 2008, porte pourtant une ambition nouvelle pour la culture.
Chicago - Résumée de manière laconique dans son programme, la vision culturelle du diplômé de Harvard renoue en filigrane avec les ambitions des années 1960, soutenues alors par l’entourage de l’éphémère président John Fitzgerald Kennedy puis par Lyndon B. Johnson.
En premier lieu, Barack Obama souhaiterait renforcer le rôle des créateurs dans la société. À ce titre, il promeut la relance de la diplomatie culturelle, faisant des artistes, comme au temps de la guerre froide – la comparaison est citée – des ambassadeurs du pays dans « la guerre contre l’islamisme extrémiste ». Les échanges auraient néanmoins lieu dans les deux sens, Barack Obama s’étant engagé à assouplir les conditions d’obtention des visas, durcies après le 11 septembre 2001, pour les créateurs étrangers « les plus talentueux ». Barack Obama s’est par ailleurs engagé à soutenir une proposition de loi, dénommée « Artist-Museum Partnership Act », proposée par le sénateur démocrate du Vermont Patrick J. Leahy et rejetée à plusieurs reprises. Celle-ci vise à favoriser l’enrichissement des collections publiques en incitant les artistes vivants à effectuer des donations aux musées et bibliothèques. Ces libéralités ont en effet été limitées de fait depuis 1969, quand les artistes donateurs ont pu déduire fiscalement seulement le coût des matériaux utilisés (toiles, crayons, peinture…). Le texte propose de calculer cette déduction fiscale sur la côte de l’œuvre, comme c’est le cas pour les autres donateurs.
Les arts à l’école
L’engagement d’Obama porte également sur un sujet majeur : le refinancement de l’agence culturelle fédérale, le National Endowment for the Arts (Fonds national pour les arts, NEA). Depuis la présidence de George Bush père, ce guichet de subventions créé en 1965 a vu ses crédits s’effondrer. De 175 millions de dollars en 1992, son budget a plongé pour s’établir à 125 millions de dollars (soit près de 160 millions d’euros) – une goutte d’eau par rapport aux 3 milliards d’euros de budget du ministère de la Culture français. Son rôle a fait l’objet de fortes critiques, dans un pays réfractaire au financement des arts par l’État. « Le NEA a illustré un modèle de prise en charge des arts par le gouvernement fédéral qui était profondément incompatible avec l’esprit de l’Amérique », écrit ainsi l’historien Frédéric Martel dans une somme consacrée au sujet (1). « Il n’y aura pas de ministère de la Culture aux États-Unis. » Obama entend pourtant inverser la tendance, avec un credo : replacer les arts au cœur du système éducatif. Son programme prévoit ainsi de multiplier les partenariats public-privé entre écoles et institutions culturelles, d’augmenter les ressources du département de l’enseignement des arts et de créer un corps d’artistes formés à travailler dans les écoles. L’objectif n’est pas de « produire plus d’artistes », mais de faciliter l’épanouissement par la culture. Espérons que la crise économique ne balaiera pas ces promesses électorales. « Yes we can », a martelé le candidat pendant sa campagne.
(1) Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, éd. Gallimard, 2006
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Et la culture ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°291 du 14 novembre 2008, avec le titre suivant : Et la culture ?