Suisse

Ernst Beyeler est mis sous tutelle

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2009 - 469 mots

Pour raisons de santé, le galeriste et collectionneur suisse Ernst Beyeler a été placé sous tutelle. Edgar Flury, professeur en économie à l’université de Bâle, est désormais chargé de veiller sur la fortune colossale du marchand d’art moderne. Si le sort de sa fondation de Riehen est assuré, l’avenir de sa galerie bâloise demeure incertain.

BÂLE - Révélée par l’hebdomadaire suisse SonntagsBlick le 16 mai, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le landerneau culturel bâlois : l’un des plus grands marchands d’art moderne au monde, Ernst Beyeler, âgé de 88 ans, a été mis sous tutelle sur recommandation médicale. Sa santé psychique et physique et ses capacités motrices s’étaient fortement dégradées depuis le décès l’an dernier de sa femme Hildy. Le professeur d’économie Edgar Flury gérera désormais la fortune colossale du marchand. Celui-ci a précisé au SonntagsBlick qu’il veillerait à ce « qu’il ne se passe rien que l’on puisse regretter. »

Cette décision pose la question de l’avenir financier de la Fondation Beyeler, créée en 1997 par le marchand. « La mise sous tutelle d’Ernst Beyeler n’a aucune influence sur la Fondation, assure Catherine Schott, porte-parole de l’institution. Ernst Beyeler était moins actif à la Fondation depuis l’arrivée de Samuel Keller à la direction, voilà un an et demi. » En avril 2007, une structure opérationnelle, la « Beyeler Museum AG », a été créée pour assurer le financement de la Fondation. Dans la foulée, le canton de Bâle-Ville a reconduit sa subvention annuelle jusqu’en décembre 2011. L’assise est solide, mais Ernst Beyeler a longtemps réglé de sa poche un tiers du déficit annuel, évalué à environ 3 millions de francs suisses. Qui viendra désormais combler les trous ? Probablement le président du conseil d’administration de la société Synthes, Hansjörg Wyss, ami de longue date d’Ernst Beyeler et élu en avril président de la Fondation Beyeler. Celui-ci avait déjà témoigné de sa générosité envers le musée via la Fondation Hansjörg Wyss.

D’après les observateurs du marché de l’art, le doute plane plus sur la galerie, dans laquelle Ernst Beyeler n’était plus actif depuis déjà deux ans. « Cela ne change rien, car la galerie est devenue une société anonyme [AG] dont M. Flury est le président », affirme-t-on à la galerie. Soit, mais une enseigne reste fortement liée à la personnalité de son fondateur. De fait, elle survit généralement difficilement à ses défaillances, encore moins à son décès. « Voilà des années, nous avions imaginé faire de la galerie une annexe de la Fondation, avec une librairie, mais nous nous sommes rendu compte que cela ne pouvait pas marcher car dans un musée tout doit être regroupé au même endroit », rappelle la courtière Catherine Couturier. Pour l’heure, l’enseigne gérée par Claudia Neugebauer maintient ses activités, organisant durant la Foire de Bâle une exposition d’Ed Ruscha.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°304 du 29 mai 2009, avec le titre suivant : Ernst Beyeler est mis sous tutelle

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