Présidente de l’Institut français, Eva Nguyen Binh évoque les enjeux de la coopération culturelle franco-chinoise à l’occasion d’une tournée des foires internationales d’art contemporain en Chine, à Pékin et Shanghaï, dans lesquelles la France tenait une belle place.
La France est un pays à part pour la Chine, qui n’a pas oublié que le Général de Gaulle fut l’un des tout premiers chefs d’État à reconnaître la République populaire de Chine, il y a soixante ans. C’est d’ailleurs dans ce cadre de célébration diplomatique que je viens de faire une tournée, à Pékin et Shanghaï, à la fois pour tisser du lien et pour constater la concrétisation des programmes d’échanges culturels entre nos deux pays. Et, de fait, un lien particulier a été créé, je dirais un lien de « reconnaissance », qui facilite les relations, même quand il y a des désaccords politiques ou commerciaux.
Le lien culturel est fondamental. Les échanges culturels (et universitaires) consolident les relations. Ce sont même souvent ces premières relations qui facilitent ensuite les collaborations économiques, parce qu’on a déjà travaillé ensemble, ou parce que des Chinois ont étudié en France et gardé un lien avec le pays. Cet impact est certes assez difficile à quantifier, mais on le ressent empiriquement. La France, plus que d’autres pays, joue cette carte culturelle. Je pense que notre action crée à chaque fois un dialogue qui s’inscrit dans un temps long, dialogue d’autant plus nécessaire dans le contexte géopolitique actuel.
L’Institut français est un maillon unique de notre diplomatie culturelle par son rôle de connecteur entre les créateurs et les professionnels français et étrangers, et d’accélérateur de projets. Nous avons, par exemple, invité douze professionnels du monde de l’art (directeurs d’écoles supérieures, directeurs de Fonds régionaux d’art contemporain, directeurs de fondation, commissaires d’exposition, etc.) à venir à la Semaine de l’art de Shanghaï en novembre, où la présence française était particulièrement importante et visible. La plupart d’entre eux ne connaissaient pas la Chine, mais on voit que des liens avec des acteurs locaux de la culture, que ce soient des centres d’art, des écoles de beaux-arts, des musées, se sont déjà tissés. Nous avons aussi des programmes de soutien aux industries créatives et culturelles (ICC) qui aident nos entreprises à se développer en Chine, notamment dans les domaines de l’immersif et de la réalité virtuelle, où nos savoir-faire sont très demandés. Cette année, en Chine, l’Institut français labellise ainsi près de 400 événements culturels et universitaires. Notre mission n’est pas de financer ces projets, mais de les faciliter, d’aider leur structuration, d’accompagner les acteurs culturels et les entreprises dans leur découverte des écosystèmes chinois et d’apporter un soutien en communication.
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C’est le nombre d’Instituts français à travers le monde. Le réseau culturel français peut aussi s’appuyer sur 830 Alliances françaises et 131 Services de coopération et d’action culturelle.
2 000Par ses différents programmes, l’Institut français soutient chaque année près de 2 000 créateurs et professionnels français des Industries culturelles et créatives (ICC).
"Liberté, créativité, diversité"C’est la devise de l’Institut français, né en 2011. Placé sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et du ministère de la Culture, il est l’héritier de l’Association française d’action artistique (Afaa) et de CultureFrance.
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Eva Nguyen Binh : « Notre diplomatie culturelle est un dialogue dans un temps long »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°781 du 1 décembre 2024, avec le titre suivant : Entretien : Eva Nguyen Binh : « Notre diplomatie culturelle est un dialogue dans un temps long »