Didier Trenet - Drôle d’« alure »

Natif de Beaune, Didier Trenet fait partie de cette génération d’artistes qui sont passés par la Villa Arson sous le directorat de Christian Bernard. Figure singulière de la scène artistique, il s’est fait repérer au début des années 1990 par un travail pour l’essentiel de dessin d’une finesse et d’un esprit buissonnier sans pareil qui conjugue humour, dérision et sens critique. Grand amateur de ses aînés du XVIIIe que sont Greuze, Watteau ou Hubert Robert, il se nourrit de leurs références tout en reversant leurs exemples ou leurs manières au bénéfice d’une iconographie décalée, ludique, qui ne se prive ni de clin d’œil, ni d’irrévérence. « Si j’avais été un bateau, je crois que je n’aurais pu flotter qu’entre deux eaux. » La formule qui se veut manifeste ne manque pas de piquant. Elle est à l’image d’un artiste dont l’imaginaire fantaisiste et savant renvoie le regard à la surprise d’un univers inconnu et d’un exercice de salubrité sémantique qui fait parfois penser à Magritte. Sa façon de transgresser tous les canons et toutes les conventions en usage confère à son œuvre une dimension d’énigme entre jeux de formes et de mots. Elle échappe ainsi à toutes les doxas
en vigueur et s’octroie une liberté de ton salutaire, une « alure » peu cavalière qui instruit les termes d’une poétique incongrue et mystérieuse, façon « le beau est toujours bizarre », comme le disait Baudelaire.