Six foires « off » cherchent leur singularité dans le sillage de la Foire internationale d’art contemporain. Toutes ont su séduire de nombreuses galeries étrangères.
Jamais les foires off n’auront autant essaimé à Paris que cette année. Leurs organisateurs admettent pourtant la difficulté de rallier les exposants après une saison difficile pour les jeunes galeries. Étrangement, la plupart des salons ont eu moins de peine à convaincre les participants étrangers. Ces derniers représentent ainsi, respectivement, 40 % et 60 % des effectifs de Show Off et de Cutlog. De son côté, Art Élysées accueille quinze galeries étrangères, contre deux à trois lors des éditions précédentes. « Il est plus facile de faire venir les galeristes étrangers que les Parisiens car, à Paris, les gens sont pris dans des contextes de réseaux, regrette Johan Tamer-Morael, directeur de Slick. C’est une année plus dure que d’autres, car il y a beaucoup de foires simultanées. C’est aussi compliqué de demander de l’argent aux jeunes galeries en ce moment. »
Une telle profusion risque de provoquer confusion, dispersion et lassitude. De fait, chaque événement a recentré son identité, à l’exception peut-être de Cutlog et de Slick, axés sur l’émergence, voire dans le cas de Cutlog sur une certaine « marginalité ». Toutes deux bénéficient en revanche d’un emplacement de choix. Après avoir navigué dans l’Est parisien, Slick s’est ancré sur l’esplanade séparant le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Palais de Tokyo. « Il se passe tellement de choses au centre de Paris pendant la foire, qu’il était difficile de faire venir les gens en périphérie. Nous voulions revenir au centre et permettre aux institutions d’épauler, par leur proximité, des jeunes galeries qui ont besoin d’être reconnues et crédibilisées », indique Johan Tamer-Morael. Celui-ci avait même caressé le rêve de s’installer dans les friches du Palais de Tokyo, espoir hypothéqué par des problèmes de sécurité. C’est pourquoi le salon n’a pu communiquer qu’en juin dernier sur sa localisation, ce qui en a retardé la commercialisation. Comme il faut bien innover par rapport aux compétiteurs, Slick a lancé cette année un secteur « Moyen-Orient », réunissant notamment The Drawing Room Art Gallery (Lahore au Pakistan) et Etemad (Téhéran).
Bonnes résolutions
Pour fêter ses cinq ans, Show Off a pris de bonnes résolutions en se calant sur la formule éprouvée des expositions personnelles de Docks Art Fair, à Lyon. Une décision aussi sensée que logique puisque les deux salons sont régis par les mêmes organisateurs. « Nous étions un peu inquiets. C’est la crise et l’exposition personnelle est une chose risquée. Mais, en fait, tout le monde a sauté de joie, indique Patricia Houg, galeriste (Lyon) et codirectrice du salon. Les gens savent aujourd’hui qu’on ne peut plus faire le dos rond. Si on n’est pas visible dans les rendez-vous que sont les foires, on court à la catastrophe. » De fait, Guy Pieters (Bruxelles, Paris) fait son entrée avec un solo show d’Arne Quinze, pendant que Gilles Peyroulet & Cie (Paris) met en exergue le photographe Fouad Elkoury. Habituée du salon, Hélène Bailly (Paris) présentera les photographies troublantes de Sabine Pigalle, tandis qu’Art Prestige Concept (Nicosie) déploie le travail de Vuk Vidor. À cela s’ajoute la section « Émergence », dédiée aux galeries de moins de trois ans, comme Dix9 (Paris) qui expose Mehdi-Georges Lahlou. De son côté, Art Élysées a jeté par-dessus bord 30 % de ses anciens exposants, à savoir le pan « contemporain » qui l’avait desservi les années précédentes. En se concentrant désormais sur l’art moderne et le contemporain classique, la foire chasse sur les terres d’Art Paris, ancienne version. « Ce sera long de changer notre image. La configuration du salon sur une seule allée fait qu’on n’a pas droit à l’erreur, et tout ce qui est mauvais se voit tout de suite », admet Isabelle Keit, directrice du salon. Elle a recruté Arnoux (Paris), la Galerie des Modernes (Paris) ainsi que la Gallery of Surrealism (New York), tout en ralliant les fidèles comme les Parisiens Véronique Smagghe, Baudoin Lebon, Les Yeux Fertiles, Ghislain - États d’Art ou Cyrille de Gunzburg.
Transfuge de l’organisation de Slick, Cécile Griesmar a lancé quant à elle un nouveau concept, Chic Art Fair, mariant art et design. Un choix circonstancié puisque la FIAC a provisoirement supprimé cette section (lire p. 20). « Mon pari est d’adosser un marché émergent, celui du design d’innovation, à celui plus mature de l’art contemporain », explique Cécile Griesmar. Et d’ajouter : « Nous voulions donner une image de la France qui innove, d’où un salon à 70 % français dans un lieu lui-même innovant [en l’occurrence l’architecture de Jakob et MacFarlane pour la Cité de la mode et du design]. » L’opération privilégie les projets, comme celui du collectif Sismo qui invite les visiteurs à venir avec une IRM de leur crâne à partir de laquelle une impression en trois dimensions sera possible sur place. Les intéressés repartiront avec leur portrait en vanité, photographié par Pierre-Anthony Allard. Jouant sur l’idée de passerelles, certaines galeries d’art ont choisi de montrer des designers, Pascal Vanhoecke (Paris) rendant ainsi hommage à Claudio Colucci.
Une petite manifestation, Access & Paradox, prend enfin pied dans le paysage. Pour son codirecteur Yann Perol, l’idée est de mélanger institutions publiques et galeries privées, tout en mettant en valeur une scène artistique islandaise méconnue. De fait, hormis une quinzaine de galeries comme Frédéric Lacroix (Paris) ou Maria Veie (Oslo), la foire a aussi rallié une poignée d’institutions à l’image de Mains d’Œuvres (Saint-Ouen) et trois collectifs de curateurs. « Nous ne nous positionnons pas sur le seul plan du marché de l’art, mais aussi comme une vraie plateforme d’échanges, précise Yann Perol. Nous ne sommes en compétition avec aucune foire off. » Sauf que le nombre crée de fait une concurrence. Bien que les événements s’efforcent de se démarquer les uns des autres, il n’est pas sûr que tous réussissent à attirer le chaland déjà sollicité par la FIAC et les expositions dans les galeries ou les musées. Même si le gâteau parisien a plus de levain, certains risquent de n’en glaner que des miettes…
ACCESS & PARADOX
Commissariat : Étienne Dodet, Émeric Glayse, Yann Perol, Halldúr Björn Runólfssonn
Organisation : Sébastien Boland
Nombre d’exposants : 15 galeries, 6 institutions, 3 collectifs de curateurs
Tarif des stands : 150 euros le mètre carré
ART ÉLYSÉES
Directrice : Isabelle Keit
Nombre d’exposants : 70
Tarif des stands : 380 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2009 : 28 000
CHIC ART FAIR
Organisation : Sandrine Bisognin, Christophe Delavault, Cécile Griesmar
Nombre d’exposants : 60
Tarif des stands : 200 à 295 euros le mètre carré
CUTLOG
Directeur : Bruno Hadjadj
Nombre d’exposants : 29
Tarif des stands : 310 euros le mètre carré
SHOW OFF
Organisateurs : Victor de Bonnecaze, Patricia Houg, Vanessa Quang
Nombre d’exposants : 33
Tarif des stands : 290 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2009 : 17 000
SLICK
Directeur : Johan Tamer-Morael
Nombre d’exposants : 40
Tarif des stands : 310 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2009 : 25 000
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Des satellites pour la FIAC
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Abonnez-vous dès 1 €ACCESS & PARADOX
Du 22 au 25 octobre, Espace des Blancs-Manteaux, 48, rue Vieille-du-Temple, 75004 Paris, www.accessetparadox.fr, le 22 octobre 15h-19h, le 23 octobre 11h-21h, les 24 et 25 octobre 11h-20h
ART ÉLYSÉES
Du 21 au 25 octobre, de la place Clemenceau à la place de la Concorde, 75008 Paris, www.artelysees.fr, tlj 11h-20h
CHIC ART FAIR
Du 22 au 25 octobre, Cité de la mode et du design, 34, quai d’Austerlitz, 75013 Paris, www.chic-artfair.com, les 22 et 24 octobre 12h-20h, le 23 octobre 12h-21h, le 25 octobre 12h-17h
CUTLOG
Du 21 au 24 octobre, Bourse du commerce de Paris, 2, rue de Viarmes, 75001 Paris, www.cutlog.org, le 21 octobre 14h-20h, le 22 octobre 11h-19h, le 23 octobre 11h-20h, le 24 octobre 11h-19h30
SHOW OFF
Du 21 au 24 octobre, Port des Champs-Élysées, pont Alexandre III, 75008 Paris, www.showoffparis.fr, tlj 12h-20h
SLICK
u 21 au 24 octobre, esplanade du Palais de Tokyo et du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11-13, avenue du Président-Wilson, 75116 Paris, www.slick-paris.com, les 21, 22 et 24 octobre 11h-20h, le 23 octobre 11h-23h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°332 du 8 octobre 2010, avec le titre suivant : Des satellites pour la FIAC