La culture n’est pas épargnée par la tension qui règne entre Taiwan et la Chine continentale depuis un demi-siècle. Haut lieu de l’identité chinoise de l’île, le Musée du Palais profite aujourd’hui des faveurs de Pékin qui entend contrer la culture taiwanaise promue par le gouvernement de Chen Sui-bian.
HONG KONG (de notre correspondant) - Le Musée du Palais de Taiwan s’est construit sur un conflit : en 1949, les partisans du Kuo-min-tang emportèrent dans l’île 600 000 des plus belles pièces de Pékin, ne laissant au Musée de la Cité interdite que les restes. Provenant de la collection impériale, l’ensemble constitue l’apogée d’une civilisation millénaire. Plus proche d’un bunker que d’un Musée, l’institution, située au nord de l’île, est aujourd’hui en possession de ces œuvres que Pékin a toujours considéré comme volées. Mais la rencontre récente entre Tu Cheng-sheng, l’administrateur du Musée taiwanais et son homologue chinois, Tan Bin, semble augurer d’une nouvelle politique.
Les deux hommes se sont en effet engagés à poursuivre une collaboration, qui, jusque-là, butait sur le risque de saisie, par la Chine, des œuvres taiwanaises lors d’expositions sur le continent. Cette attention soudaine permet à Pékin de toucher ce qu’il considère comme des éléments “patriotiques” de la société taiwanaise, emblèmes propres à mettre en valeur l’identité chinoise des habitants de l’île. L’inquiétude s’est en effet emparée des dirigeants communistes devant les manœuvres de Chen Sui-bian. À travers la réécriture de livres scolaires, et l’organisation d’expositions qui refléteraient l’identité “taiwanaise”, ce dernier vise à mettre en avant la culture des indigènes taiwanais et à placer la langue sino-taiwanaise au-dessus du mandarin, qu’il parle d’ailleurs de façon sommaire.
Longtemps dénigrée par les communistes, la vieille garde du Kuo-min-tang, apparaît aujourd’hui comme leur seule alliée dans la quête de la réunification. Ultra conservateur, l’ancien directeur du Musée, Chin Hsiao-yi, avait été nommé secrètement dans le cabinet de Chiang Kai-shek dont il était par ailleurs le secrétaire. En mai dernier, le nouveau président, Chen Sui-Bian, l’a remplacé par Tu Cheng-Sen. Membre de l’Académie chinoise de Taipei, il plaide en faveur d’un musée plus “convenable”. La passation de pouvoir s’est traduite par une nouvelle muséographie, aussi médiocre que la collection est brillante. Mais le message de “taiwanisation” est bien transmis.
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Dégel sino-chinois ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Dégel sino-chinois ?