NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Intitulée "Mirroring Evil : Nazi Imagery, Recent Art" ("Les reflets du mal : l’imagerie nazie, l’art d’aujourd’hui"), l’exposition que doit inaugurer le Musée juif de New York le 17 mars provoque un début de polémique par son thème et les objets qu’elle présente.
NEW YORK (de notre correspondant) - Le Jewish Museum pourrait bien revoir à la baisse le nombre d’œuvres qu’il prévoyait de présenter dans “Mirroring Evil : Nazi Imagery, Recent Art”, une exposition qui a pour sujet l’utilisation de motifs nazis par des artistes contemporains. Des survivants de l’Holocauste et des élus juifs de New York, qui appartiennent à la même circonscription que le musée, ont contacté l’institution afin d’exprimer leur désaccord au sujet d’objets jugés particulièrement choquants. Premier visé, le Lego Concentration Camp Set, réalisé en 1996 par le Polonais Zbigniew Libera. Maintes fois reproduite mais souvent refusée dans les expositions (à l’image de la Biennale de Venise 1998 où l’artiste était invité), l’œuvre est une série d’emballages de kits de Lego pour construire des maquettes de camps de concentration. Sont également visés les aérosols de Zyklon B de Tom Sachs qui prennent la forme de bijoux, et les photographies de prisonniers de camps de concentration sur lesquelles Alan Schechner a superposé une image, donnant l’impression qu’ils tiennent une canette de Coca-Cola. “Nous estimons qu’il est de notre tâche au Musée juif de montrer cet art dans un contexte sérieux, de manière responsable, afin de soulever les principales idées contenues dans ces travaux”, expliquait, lors de la présentation de son projet, Norman L. Kleeblatt, commissaire de l’exposition.
Aujourd’hui, la discussion entre le musée et ses critiques est symbolique d’une rencontre qui n’a jamais eu lieu entre le Brooklyn Museum et ses détracteurs avant la présentation de “Sensation !” à l’automne 1999. Le souvenir du scandale est évidemment présent dans toutes les têtes. Les critiques du Brooklyn Museum ne pouvaient pas prétendre qu’ils avaient été pris au dépourvu – les images de “Sensation !” jugées sacrilèges ou obscènes avaient déjà été publiées dans le monde entier et présentées à Londres et à Berlin. Ici aussi, les organisateurs avancent que les œuvres proposées par le Jewish Museum ont déjà été diffusées. Mais l’institution semble bien décidée à éviter le traumatisme dont souffre le Brooklyn Museum depuis ce triste précédent. Le nouveau maire, Michael Rubens Bloomberg, apparaît dans le catalogue de l’exposition en tant que vice-président du conseil d’administration du musée et il n’a, pour l’instant, pas pris part à la controverse. Quant à la “commission de décence” mise en place par Rudolph Giuliani, l’ancien maire, elle semble vouée à disparaître. Quoi qu’il en soit, le Jewish Museum, qui a acheté plusieurs des œuvres destinées à être exposées, ne bénéficie d’aucun financement de la ville de New York. Il n’a d’ailleurs pour l’instant pas accepté de modifier la manifestation et de retirer des œuvres de l’exposition. Pour le vernissage, prévu pour le 17 mars, le musée craint de faire face à des manifestations.
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Début de polémique au Jewish Museum
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°144 du 8 mars 2002, avec le titre suivant : Début de polémique au Jewish Museum