Ventes aux enchères

Portrait

Claude Aguttes, commissaire-priseur

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 29 novembre 2017 - 613 mots

Sous son marteau, la première dispersion des collections Aristophil a lieu le 20 décembre à Drouot.

1948 Né à Bourges dans le Cher, Claude Aguttes perd son père jeune, se retrouvant seul avec sa mère. C’est elle qui lui transmet son goût pour les antiquités. « En définitive, une seule chose me plaisait, les objets », avoue-t-il aujourd’hui. Après avoir abandonné ses études avant le bac, il obtient « par obligation » une capacité en droit et s’arrête là. Sans en tirer semble-t-il un quelconque regret : « Soit on fait des études, soit on est un entrepreneur. Par chance, j’ai coché la seconde case. »

1973 Stagiaire chez Me Le Blanc puis chez Mes Ader et Picard de 1970 à 1971, il obtient son examen de commissaire-priseur et est nommé en 1973 à Clermont-Ferrand. « Pendant cette période, j’ai eu la chance de faire plusieurs découvertes. » La plus marquante a été L’Autoportrait aux bésicles de Jean Siméon Chardin, vendu alors 6 millions de francs (900 000 €), préempté par les Musées nationaux et conservé aujourd’hui au Musée des beaux-arts d’Orléans. Fondateur du groupe Gersaint (groupement d’intérêt économique national de commissaires-priseurs) qui organise des ventes à Strasbourg, il en est le président de 1987 à 1995.

1995 Après deux décennies en province, il achète l’étude de Me Gabrielle Ionesco à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Homme d’affaires ambitieux et énergique – portant la double casquette de commissaire-priseur judiciaire (SCP Aguttes) et de commissaire-priseur habilité (SVV Aguttes SAS), il se hisse en quelques années à la 5e place des maisons de ventes françaises, avec 50 millions d’euros de produit de ventes en 2007. À son actif, des dispersions de collections importantes comme celle d’André Lefèvre ou du créateur Kenzo (2009). Mais aussi des ventes de tableaux modernes tel Blue Star, de Miró (11,6 M€ en 2007) – l’enchère la plus haute en près de quarante-cinq ans de carrière –, des meubles de La Mamounia à Marrakech (2009) ou du mobilier du château de Varvasse (Puy-de-Dôme), propriété du président Giscard d’Estaing (2012) auxquelles s’ajoutent des découvertes comme le buste de Monsieur de La Tour du Pin par Bouchardon (3,7 M€ en 2012), préempté par le Louvre.

2008 Il rachète à Jean-Claude Anaf la société Anaf Arts Auction (1 M€) et les murs de la gare des Brotteaux à Lyon (4 M€) – l’hôtel des ventes s’y rattachant. Un bâtiment du début XXe, classé monument historique, « sans doute le plus bel hôtel des ventes de France ». Cet amoureux des belles pierres possède également à titre privé trois monuments historiques dont deux châteaux médiévaux acquis en 2000 en ruine et restaurés, celui de Tournoël ((Puy-de-Dôme) et de la Prune-au-Pot (Indre). Il occupe le poste de président du conseil de surveillance de Drouot Enchères de 2011 à 2015. En 2012, sa société de ventes est suspendue pour deux mois par le Conseil des ventes volontaires (sanction ramenée à 15 jours avec sursis suite à l’arrêt de la cour d’appel de Paris du 27 novembre 2013), qui lui reproche d’avoir manqué de vigilance quant à la succession d’intermédiaires dans la vente d’un tableau, Le Vacher, attribué au peintre russe Ivan Chichkine, et adjugé 37 000 euros à Drouot en 2007.

2017 En octobre 2016, l’étude Aguttes est chargée par la justice d’assurer le transfert des œuvres anciennement détenues par Aristophil dans des locaux sécurisés, de procéder aux opérations de tri, puis de concevoir et mettre en œuvre le processus de restitution à leurs propriétaires – dont la majorité souhaite revendre ces biens. La première vente des collections Aristophil (la vente judiciaire des biens propres de la société) et d’une partie des œuvres détenues par un propriétaire individuel ou une indivision (vente volontaire) est prévue le 20 décembre à Drouot.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°490 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Claude Aguttes, commissaire-priseur

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