Mario Merz, figure de l’Arte povera, est décédé à l’âge de 78 ans.
TURIN - Mario Merz est décédé le dimanche 9 novembre à Turin. Né à Milan en 1925, il s’était tourné vers l’art après des études de médecine. C’est d’abord dans le sillage de la peinture informelle qu’il s’illustre, avant de s’orienter vers la sculpture et l’installation dans les années 1960. À la fin de la décennie, il rejoint, avec Pino Pascali, Jannis Kounellis, Giovanni Anselmo et Giuseppe Penone, un groupe qui, sous l’impulsion du critique Germano Celant, donnera naissance à l’Arte povera. Dans une période de contestation politique et de réévaluation des matériaux de l’art, Mario Merz signe en 1968 avec son Igloo de Giap une des œuvres marquantes du XXe siècle. Organique, signe d’harmonie, simultanément maison et monde, la construction est aussi l’image de la survie, de l’abri et du nomadisme. En pleine guerre du Vietnam, Merz place sur cette structure en sacs de terre glaise une inscription en lettres de néon, citation d’un général vietnamien : « Se il nemico si concentra perde terreno, se si disperde perde forza » (Si l’ennemi se concentre il perd du terrain, et s’il se disperse il perd sa force). La théorie de la guérilla rejoint dans la maxime les figures de croissance qui se déploient dans le travail de Merz. La spirale, tout comme la suite du mathématicien Fibonacci (1, 2, 3, 5, 8…), sont au centre de nombre de ses œuvres. Dans les années 1980, l’Italien, dont le succès international ne faiblit pas, revient vers la peinture, mais sans abandonner l’hétérogénéité des matériaux qu’il emploie. Dans sa grammaire, il intègre des animaux, crocodiles ou lions. Depuis 1969, date de son exposition chez Ileana Sonnabend à Paris, Mario Merz faisait des apparitions fréquentes en France, notamment par le biais de la galerie Liliane et Michel Durand-Dessert. Représenté dans les collections du Musée national d’art moderne mais aussi du capcMusée d’art contemporain de Bordeaux et des Abattoirs de Toulouse, il a réalisé pour le tramway de Strasbourg une commande publique proche de celle qu’il avait pensée pour Turin : comme pour marquer définitivement le paysage italien, Mario Merz avait inscrit en 1984 une suite de Fibonacci sur le dôme de la Molle Antonielliana, ancienne synagogue devenue le symbole d’une ville berceau de l’Arte povera.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°181 du 21 novembre 2003, avec le titre suivant : Che fare ?