Avec une centaine de galeries étrangères, la Fiac 2007 confirme sa volonté d’être une foire internationale. Focus sur huit d’entre elles parmi les plus actives...
Créée à Vienne en 1971, présente sur les plus grandes foires internationales depuis de très nombreuses années, la galerie Krinzinger est assurément la plus active de la géographie germanique. Si elle a construit son image dans une attention particulière aux avant-gardes des années 1960-1970, notamment l’actionnisme viennois, elle travaille aussi depuis le début des années 1990 avec des artistes américains comme Chris Burden. À la Fiac, elle présente une très importante vidéo de cet artiste qui se veut prémonitoire des dangers qu’encourt l’harmonie du monde face à la sauvagerie qui menace de le contaminer définitivement. On peut y voir aussi deux toutes nouvelles vidéos de Hans Op de Beeck et Erwin Wurm.
Figure majeure du marché de l’art contemporain, Michael Werner a créé à Cologne sa galerie dès 1969 et en a ouvert une autre à New York en 1990. S’il passe pour être le promoteur du néo-expressionnisme allemand des années 1970-1980 et le défenseur de plus jeunes comme Peter Doig, il porte aussi sur l’art moderne un regard d’une très grande acuité et montre parmi d’autres Arp, Picabia, Schwitters, Broodthaers et James Lee Byars. À la Fiac, la galerie Michael Werner présente des œuvres majeures de Baselitz, Immendorff, Lüpertz et Penck, dont un tableau de ce dernier tout en longueur, comme une frise, caractéristique du style rudimentaire de l’artiste.
De deux ans son aînée, la Lisson Gallery de Londres a fait le choix quant à elle du « solo show » et c’est Julian Opie qui est son hôte. Depuis sa première exposition personnelle à la galerie en 1983, cet artiste développe une œuvre qui balance entre peinture et sculpture dans une veine d’images figuratives et schématiques. Il réduit ses personnages à des formes élémentaires, un rond pour le visage, quelques traits pour le corps, sans pour autant les désincarner. Faits à la peinture vinylique sur bois ou aluminium, les portraits de Julian Opie rappellent la manière pop et cet effet de distanciation qui la caractérise.
Bruxelles et Florence
Après neuf années passées au Luxembourg, la galerie Erna Hécey s’est installée depuis avril 2005 à Bruxelles, dans un grand espace aménagé par le cabinet d’architecture Lhoas & Lhoas, où elle a présenté cet été Sophie Calle dans une mise en scène de Frank Gehry et d’Edwin Chan. C’est dire la qualité du travail qui y est accompli. Eclectique dans ses choix, Erna Hécey mène une programmation dont son stand est le reflet. Il n’est pas si évident de faire cohabiter les images révolutionnaires d’Olaf Nicolai, les petites saynètes légères d’Eleanor Antin et les collages colorés de Lili Dujourie, la subtile vidéo au thème de l’hiver façon Breughel de Jana Sterbak et ce mur de 88 dessins autobiographiques que Peter Friedl a réalisés entre 1964 et 2005. Erna Hécey, elle, sait le faire et le fait très bien.
Créée dans les années 1990 à San Gimignano, près de Florence, la galerie Continua y dispose du très grand espace de l’ancien cinéma-théâtre qui lui permet de réaliser des projets spécifiques. De Buren à Tayou, en passant notamment par Chen Zhen, Kabakov, Panamarenko et Peinado, elle affiche un « team » prestigieux qui bénéficie depuis peu d’une importante antenne à Pékin. C’est dire la volonté exportatrice qui motive ses fondateurs, Mario Cristiani, Lorenzo Fiaschi et Maurizio Rigillo. À la Fiac, pour chaque artiste présent – parmi lesquels Loris Cecchini, Nedko Solakov et Lucy et Orge Orta –, ceux-ci ont choisi de présenter un lot de deux œuvres récentes réalisées à l’occasion d’expositions soit en Italie, soit en Chine. À noter tout particulièrement les magnifiques sculptures composites de Pascale Marthine Tayou.
Cologne, Genève, Luxembourg
Ancienne de l’école du Magasin de Grenoble, la première année de sa création en 1987-1988, Esther Schipper a créé sa propre galerie dès 1989 à Cologne. Dix ans plus tard, elle s’installait à Berlin dans le fameux quartier de Mitte. Angela Bulloch, Ugo Rondinone, Ann Veronica Janssens, Philippe Parreno, Liam Gillick sont quelques-uns des artistes avec lesquels elle a construit sa réputation. Intéressée par les formes les plus diverses de l’art contemporain, Esther Schipper affectionne plus particulièrement le construit, le radical et le minimal. Ce qui n’exclut en rien le poétique, comme en témoignent l’installation étoilée de Bulloch et la sculpture plafonnante et colorée de Gillick qu’elle présente notamment à la Fiac.
Attentif tout d’abord à certaines formes d’expression modernistes, Guy Bärtschi qui a créé sa galerie à Genève en 1990 n’a pas tardé à s’intéresser à celles de ses contemporains les plus avancés. Wim Delvoye et ses images aux rayons X, Marina Abramovic et ses sculptures minérales, Fabrice Gygi et une œuvre tout en cuir, Jennifer & Kevin McCoy et leurs installations multimédias sont parmi les artistes que défend Bärtschi et que l’on retrouve sur son stand. Sans oublier Giuseppe Penone, Per Barclay et Rafael Lozano-Hemmer.
Quoiqu’encore très jeune, la galerie que Véronique Nosbaum et Alex Reding ont créée au Luxembourg il y a six ans a réussi très rapidement à trouver ses marques. Si elle travaille avec des artistes repérés comme Günther Förg, Hubert Kiecol, Claude Lévêque ou Manuel Ocampo, aux pratiques très différentes, elle a contribué à la diffusion et à la promotion d’artistes émergents comme Damien Deroubaix, Myriam Mechita et Nicolas Chardon. Le panel d’œuvres que Nosbaum & Reding présente à la Fiac témoigne tant de cette diversité que de la qualité irrésistiblement hybride de la création artistique actuelle. À l’écho même de la Fiac dans son ensemble.
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Ces mastodontes venus de l’étranger
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : Ces mastodontes venus de l’étranger